Antoine Bertrand : Punaises de lit
Scène

Antoine Bertrand : Punaises de lit

Avec Bug de Tracy Letts, le Théâtre À qui mieux mieux replonge dans les eaux noires de l’angoisse et du suspense en nous livrant une histoire d’horreur infestée d’insectes. Rencontre avec le comédien Antoine Bertrand.

Le Théâtre À qui mieux mieux est né d’une volonté de mener à terme une production, Le baiser de la veuve, présentée une cinquantaine de fois depuis 2005. "On a attendu d’avoir le même coup de foudre pour un texte. En farfouillant à droite et à gauche, surtout dans la dramaturgie américaine, on est tombés sur ce thriller psychologique avec de beaux personnages, mais surtout une bonne histoire et plusieurs points d’interrogation", relate le comédien Antoine Bertrand, cofondateur de la compagnie avec le comédien Marc-François Blondin et la directrice de production Geneviève Lessard.

Bug, de Tracy Letts, raconte la descente aux enfers d’Agnès (Émilie Gauvin, aussi à la traduction), une serveuse terrée dans un motel miteux qui fait la rencontre de Peter, un mystérieux ancien militaire (Blondin). Le nouveau couple vit un début de romance jusqu’à ce qu’il découvre un premier insecte dans le lit. Puis, des colonies entières. "Plus ça va, plus ces protagonistes s’ostracisent, vivent en ermites et repoussent les gens de leur cocon. Si on entrait et qu’on ouvrait les lumières, ils se cacheraient probablement comme des coquerelles, observe Antoine Bertrand qui joue l’ex-mari d’Agnès, tout juste sorti de prison. "La tension monte jusqu’à atteindre son paroxysme, à la limite du tolérable, puis tout s’arrête."

Le projet Bug était déjà bien en marche lorsque le metteur en scène Denis Bernard s’est joint au groupe. "Après Pillowman, je sentais encore le Denis, badine Antoine Bertrand qui s’est fait diriger par le metteur en scène à l’ancienne Licorne. Il était notre premier choix et, à notre grand étonnement, il a accepté. Et ce, même si ça lui imposait de sortir de sa zone de confort avec une distribution partiellement établie. C’était un acte de foi de sa part."

À travers son personnage menaçant, Antoine Bertrand ajoute un élément intimidant à cette soupe glauque trempée dans l’alcool et la drogue. "J’essaie toujours de mettre de l’humanité dans mes personnages, même les plus trous de cul. Celui-ci est probablement mon plus dangereux jusqu’à date. J’aime bien me garder un petit pied en dehors, mais des fois, t’as pas le choix de plonger. Ça a été le cas avec Pillowman. Ici, je peux revenir au plaisir puisque Jerry installe une tension, mais avec des procédés comiques. Il sera drôle pour tout le monde, sauf pour les personnes sur la scène."