FTA 6e édition : Suivez la danse au FTA
Survol des premiers spectacles de danse à l’affiche de la sixième édition du Festival TransAmériques. De la danse la plus écrite aux formes les plus éclatées, en passant par une danse-théâtre d’un nouveau genre.
Le festival s’ouvre en beauté avec un spectacle qui incarne à merveille sa double vocation artistique. Signé Guilherme Botelho, un Suisse d’origine brésilienne qui a fait sa marque à l’international avec une vingtaine de spectacles, Sideways Rain conjugue intelligence chorégraphique et force dramaturgique dans une fresque fascinante sur la force du destin. Pris dans une inéluctable course vers l’inconnu, ses 14 danseurs déroulent la pellicule d’un film passionnant sur la condition humaine et le sens de la vie. « La théâtralité est graphique et la dynamique de la composition chorégraphique est traitée comme une musique, explique le chorégraphe. Le mouvement des danseurs est comme un galop de cheval qui monte, s’emballe, se calme et se transforme. Les transformations sont amenées subrepticement, comme dans un flux, pour créer une hypnose. Petit à petit, on touche à tous les côtés de l’humanité. La musique de Murcof, qui peut être émotive sans être sentimentaliste, permet d’entrer de manière métaphysique dans cette hypnose. »
Les deux spectacles à l’affiche dès le lendemain de l’ouverture sont à la pointe de la création contemporaine. Chutes incandescentes jette un pont entre les générations en réunissant deux talents de la scène québécoise: le chorégraphe-interprète Benoît Lachambre, maître de l’exaltation des sens et des mystères anatomiques, et la jeune danseuse, musicienne et comédienne Clara Furey, qu’aucun défi ne semble effrayer et qui fait corps ici avec son piano. Ensemble, ils pétrissent l’énigmatique matière de l’inconscient collectif à partir de rêves du chorégraphe associés à la mythologie hindoue du Rãmãyana, de poèmes soufis de Rumi et de textes de Furey qui a signé les partitions musicales et fait chanter Lachambre. « J’aime tout en Clara, ses passions, ses idées, sa manière de créer, déclare ce dernier. On a d’incroyables atomes crochus, on réussit à rêver en parallèle et on travaille très bien ensemble. La pièce est intense, passionnée et humainement très profonde. »
Tout aussi potentiellement déstabilisante, (M)IMOSA est la plus déjantée des oeuvres classées en danse. Un quatuor de créateurs-interprètes y combine danse, théâtre, chant et performance dans un cabaret qui fait voler en éclats les conventions de l’artistiquement et du sexuellement correct. Prolongeant son travail sur le mariage improbable des codes développés dans les années 1960 par les postmodernes et les vogueurs des milieux gays et transgenres de Harlem, le New-Yorkais Trajal Harrell s’est associé avec Cecilia Bengolea, François Chaignaud et Marlene Monteiro Freitas. « Le corps quotidien est questionné dans ses possibilités physiques et dans ses résonances politico-sociales », commente Bengolea. « Chacun s’est mis au niveau de son désir pour montrer à quoi il a envie de ressembler, quelle danse il a envie de faire », ajoute Chaignaud. Le résultat est décapant.
Enfin, la première semaine du festival est marquée par l’arrivée d’une icône de la danse, la Belge Anne Teresa De Keersmaeker. De quoi satisfaire tous les goûts et tous les appétits.