Merle Adam : Bolshoï, le grand
Scène

Merle Adam : Bolshoï, le grand

Pour le premier passage du Ballet du Bolshoï dans la capitale en tout près de 30 ans, la troupe russe s’attaque au populaire Don Quichotte.

Qui dit Ballet du Bolshoï dit automatiquement succès populaire. Cette semaine, plus de 10 000 fanas de haute voltige s’attrouperont au Centre national des Arts pour applaudir sa version du classique de 1869 Don Quichotte, originalement créé par l’illustre chorégraphe d’origine franco-russe Marius Petipa.

Ce qui fait courir les foules, outre la réputation de cette troupe vieille de plus de deux siècles, réside dans l’aspect grandiose de ses spectacles: des performances à couper le souffle, une théâtralité qui n’a d’égal que ses prouesses techniques.

"Bolshoï signifie "grand" en russe, et l’on doit s’attendre à rien de moins pour cette version de Don Quichotte", explique Merle Adam, directeur du National Capital Dance Educators, membre de la Russian Society of Ballet et professeur éminent du style russe. "Si vous prenez, par exemple, la version du ballet proposée par le Kirov, les danseurs hommes détonnent par leur délicatesse et leur raffinement. Don Quichotte, c’est l’Espagne et les taureaux; nul besoin d’avoir un prince bégueule."

En Occident, pendant la guerre froide, les ballets du Bolshoï sont devenus synonymes, d’après Adam, de propagande "boostée à la testostérone". Il cite en exemple la production Spartacus: "Ils ont engagé des troupes faites d’hommes qui créaient de grands mouvements sur une immense scène, dans un décor tout aussi gigantesque."

Don Quichotte marque le premier passage du Bolshoï dans la capitale depuis 1974, alors que la troupe présentait un répertoire mixte qui mettait en vedette un certain Mikhail Baryshnikow de 26 ans. Ce sera ainsi la première fois que la troupe présente un ballet classique entre les murs du CNA.

Mélange vibrant de danse espagnole et gitane, de parodie comique et de somptueux décors, baigné par la musique originale de Ludwig Minkus, Don Quichotte se révèle un choix fort populiste. Toutefois, pour le Bolshoï, c’est la qualité du spectacle qui prime d’abord et avant tout. Merle Adam conclut: "Le Bolshoï a acquis sa réputation par ses professeurs terriblement imaginatifs et au fait de la profession. Ils ont inculqué un vaste, immense pouvoir à leurs danseurs."