Vicky Côté : Rage de plaire
Avec son solo Rage qu’elle promène sur différentes scènes canadiennes et françaises, la Saguenéenne Vicky Côté aborde le délicat sujet de la colère au point d’ébullition.
Troisième production du Théâtre à bout portant, Rage de Vicky Côté a été créé en 2009 au Saguenay avant de partir en tournée au Canada et en France. Dans ce "solo pour femme seule", l’artiste multidisciplinaire poursuit son exploration du théâtre gestuel et de la manipulation avec pour thème la fureur excessive. "C’est en observant des situations autour de moi qui prennent parfois des proportions démesurées qu’est né Rage. Ça relève d’une prise de conscience de cette démesure autant physique que psychologique ou émotionnelle. La rage naît à la fois d’un immense manque et d’une overdose", estime-t-elle.
Seule, une femme essaie de venir à bout de ses complexes par une multitude de moyens saugrenus pour se conformer aux normes sociales. "Elle s’invente des histoires, des situations, une vie, des interlocuteurs qu’elle essaie de maîtriser. Elle teste les limites et, ne sachant pas où elles se trouvent, les dépasse", relate l’auteure qui a cosigné la mise en scène avec Sara Moisan.
Pour ce qu’elle qualifie de faux solo sensible et pince-sans-rire, Vicky Côté a concocté avec ses concepteurs un spectacle de peu de mots où elle emploie les ombres chinoises et la danse. "Il y a beaucoup de choses qui passent par le corps. Ça va se répercuter de différentes façons, autant par la contrainte physique que par le geste plus poétique", suggère la créatrice, qui entretient le mystère.
Par le souci de se conformer au personnage, mais aussi par l’expérimentation du jeu physique, la comédienne transforme progressivement son propre corps sur scène. "En cette ère où l’apparence est d’une extrême importance, ce qui va transparaître, c’est cette recherche constante pour atteindre le bien-être avec soi-même."
Sans aborder frontalement le sujet de la violence chez la femme, l’auteure suscite une réflexion sur la démesure humaine, sous toutes ses formes. "Le spectacle explore notre capacité à être extrême et excessif, à agir sous le coup de l’émotion, commence-t-elle. La violence prend alors différentes formes: physique, psychologique, les hantises, le dégoût… Il y a vraiment un panorama assez exceptionnel de ce que la violence peut générer comme comportements. C’est dans ces canaux que je suis allée jouer."