Carte blanche à l’Espace René-Provost : Brouiller les cartes
Les inflexions de Marc-André Charette sont celles d’un créateur fébrile. Une agitation idoine, à en croire le titre de sa Carte blanche, Turbulences. Entrevue en mode prise de risques.
Quelques semaines après un Laboratoire de mise en scène tout "vianesque", voilà que la Carte blanche envahit à son tour l’Espace René-Provost. C’est Sylvie Dufour, grand manitou de l’Outaouais théâtral, qui assure la survie et la croissance de ces traditions, capitales aux yeux de Marc-André Charette. "Être logés dans une petite salle nous procure beaucoup de liberté; je ne crois pas que mon projet aurait pu voir le jour dans un autre contexte", avance-t-il.
Membre du proche entourage du Théâtre de l’Île (il était de la distribution des Papillons de nuit, l’été passé), Charette a communiqué à Dufour sa volonté d’entamer un projet d’écriture. Cette dernière lui a lancé le défi de la Carte blanche. Désireux d’aborder "les démons qui nous chicotent, nous tracassent et nous empêchent de dormir", Charette a contacté la danseuse et chorégraphe Lana Morton. "Lana a créé un répertoire de mouvements qui a inspiré mon écriture. C’était un soulagement pour moi d’appuyer le texte sur une forme d’art connexe", raconte celui à qui le Conseil des arts de l’Ontario a déjà décerné une bourse pour qu’il explore son potentiel en tant qu’auteur.
Pour Charette, l’expérience de la Carte blanche est un couteau à double tranchant. D’un côté, il perçoit un moteur l’incitant à sortir de sa zone de confort et à approfondir une démarche qu’il avait rarement menée de front dans le passé. "Mais le travail avec Lana, avec toutes les possibilités qu’il a amenées, m’a forcé à faire des choix parfois ardus", nuance-t-il, suggérant un certain vertige.
"Mon jeu étant très physique, j’aime dire que j’étais danseur dans une autre vie. Lana, elle, est fondamentalement théâtrale dans son approche de la danse. Avec Turbulences, nous rapprochons nos disciplines à travers la rencontre entre deux artistes", lance Charette.
L’interdisciplinarité fait figure de thème unificateur pour cette édition 2012 de la Carte blanche. Outre le tandem Charette-Morton, Marine Brenneur a invité Caroline Yergeau à codiriger D’amour et d’attente, une fantaisie théâtrale et musicale. En guise d’amuse-bouche, le collectif Graphein présentera l’exposition Style libre.