Gypsy Snider / Traces : L’autre cirque
Après plusieurs années à parcourir le monde, Gypsy Snider et l’équipe de Traces reviennent en terre natale. Entre cirque et théâtre, entre wow et intimité.
Le décor du spectacle, c’est un abri de fortune composé de toiles et de ruban adhésif, construit dans l’attente d’une fin imminente. "Les artistes, six gars et une fille, partagent alors leurs vies, leurs expériences et, bien sûr, leurs capacités comme artistes de cirque, complète Gypsy Snider, des 7 doigts de la main, la compagnie derrière la création. Traces, c’est la célébration de la créativité, du cirque et de la joie de vivre dans un contexte complètement opposé: scénographie minimale, costumes sobres, ambiance quasi apocalyptique. Et cette question: s’il n’y avait plus rien, on ferait quoi?"
Acrobaties, anneaux chinois, main à main et skateboard seront au rendez-vous. Les artistes, toutefois, viseront au-delà des seules prouesses circassiennes. "On joue dans les théâtres pour une raison: parce qu’on cherchait une certaine théâtralité, une intimité avec le public. On voulait voir le cirque d’une autre façon. On travaille avec l’urgence de partager tout ce qu’on peut, de ne pas attendre à demain, et c’est ce message qu’on entend à travers le spectacle: l’idée que s’il y a un sens dans notre vie, on peut peut-être le trouver dans les traces qu’on laisse derrière nous."
Des empreintes, le spectacle semble en avoir laissé partout sur son passage. Conçu à Montréal, il collige les belles critiques depuis 2006: en Australie et au Japon d’abord, en France et en Hollande, puis aux États-Unis, où il tourne régulièrement depuis deux ans. "Je pense que ce qu’on y vit, c’est le vrai sens de carpe diem; on a non seulement envie de poser des gestes, mais de partager ce que nous sommes. On parle souvent des grandes catastrophes, du réchauffement de la planète ou de la violence. Mais ces menaces-là, est-ce qu’elles nous font vivre des choses entre nous et nous poussent à vouloir partager l’amour, ou est-ce qu’elles nous forcent à vivre nos vies de façon solitaire, sans croire en notre créativité? Ce spectacle, on l’a créé pas longtemps après le 11 septembre…"
Prouver que le cirque peut avoir sa raison d’être, même – surtout? – au milieu de la déchéance? Si c’était le pari de cette création scénique, sa longévité suggère qu’elle l’a relevé.
Originaire de San Francisco – tout comme l’autre conceptrice du spectacle, Shana Carroll -, Gypsy Snider a adopté Montréal à la suite de ses années au Cirque du Soleil. Elle précise toutefois qu’on chercherait en vain les influences de cette troupe dans l’hybride entre cirque et théâtre que constitue Traces. "Les sept membres des Doigts de la main, on est tous des adolescents du Cirque du Soleil; une grande partie de notre éducation s’y est faite. C’était tellement une belle expérience. Cette organisation nous a donné une maturité et la confiance nécessaire pour rêver et faire les spectacles qu’on fait maintenant."
Stationnée à New York depuis un an, l’équipe rentrera au bercail à l’occasion du Carrefour international de théâtre. "C’est fou, Traces a fait le tour du monde, mais ça a très peu roulé au Québec. Pouvoir jouer près de chez soi, c’est un honneur pour nous, et on trouvait qu’il était temps."