Maxime Seugé / El viento en un violin : Comédie noire
Maxime Seugé, comédien, est responsable de la production du spectacle El viento en un violin. Au théâtre Timbre 4, d’Argentine, on s’échange les rôles, dans une compagnie comme une grande famille théâtrale.
Marie Laliberté
Photo : Benjamin Torres Aguero
Pour la deuxième année, Timbre 4 revient au Carrefour international. Après l’univers insolite de La omisión de la familia Coleman l’an dernier, voici une nouvelle collection de personnages singuliers. El viento en un violin met en présence une mère autoritaire, son fils névrosé, leur bonne et sa fille qui, avec sa conjointe, souhaite ardemment avoir un enfant. Avec eux, un psychologue, dépassé par les événements…
Encore une fois, c’est une histoire de famille que raconte Claudio Tolcachir, auteur et metteur en scène de la pièce. Pour l’inventer, il s’est laissé inspirer à la fois par ses personnages et par ses comédiens. "Contrairement à ce qu’on avait fait pour La familia Coleman, créée à partir d’improvisations, cette pièce s’est faite à partir d’un texte écrit, explique Maxime Seugé. Comme Claudio travaille toujours avec les mêmes comédiens, il les connaît par coeur et a écrit ces personnages-là pour eux. Ce qui l’intéresse, je crois, ce sont ces personnages un peu marginaux, dont il a envie de tomber amoureux parce qu’ils sont purs dans leurs sentiments, dans leur volonté. Ce sont des personnages attirants, mais attristants, aussi. Ils sont spontanés, vrais, mais tellement égoïstes, tellement aveugles: ils sont prêts à tout pour obtenir ce qu’ils souhaitent, mais les moyens qu’ils prennent sont désastreux. Ce qui intéresse Claudio, c’est de plonger le spectateur dans la réalité de ces personnages qu’on rencontre parfois dans la rue, sans rentrer dans leur vie privée, et qui cherchent à créer leur monde à eux."
Alors que l’enfant sera finalement conçu dans des circonstances particulières, les personnages s’interrogent: de la famille fortunée ou de la famille pauvre, qui s’en chargera? "Il y a un énorme débat: quel sera le sort de cet enfant-là? Qui est le plus à même de l’éduquer? Avec des arguments complètement démesurés d’un côté et de l’autre, chacun dit que sa famille est capable d’apporter à l’enfant tout ce dont il aura besoin. Pour chacun, c’est une sorte d’espoir. Ce qui est amusant, c’est que les gens prennent parti pour un camp ou l’autre. Il y a différentes réactions selon la personnalité du spectateur: les gens vont plus ou moins appuyer un personnage, vont être outrés par un autre. Comme pour Coleman, c’est une comédie noire: une comédie qui fait rire, bien sûr, mais qui laisse une sensation un peu amère. Claudio joue avec le spectateur: il te fait bien rigoler et puis après, il te met un bon coup de massue sur la tête."
Et le titre? ""Le vent dans un violon", pourrait-on dire en français. Claudio a un frère qui est musicien. Quand il était petit, il jouait avec l’espace qu’il y a entre les cordes et le bois du violon. Cet espace, pour lui, est l’image de quelque chose d’intime: cette partie cachée de nos vies, qu’on ne montre pas. Voilà: c’est un titre assez poétique."