Nini Bélanger et Pascal Brullemans / Beauté, chaleur et mort : Criante vérité
Scène

Nini Bélanger et Pascal Brullemans / Beauté, chaleur et mort : Criante vérité

Avec Beauté, chaleur et mort, Nini Bélanger et Pascal Brullemans jouent sur la ligne infime entre théâtre et réalité.

La proposition est simple. Nini Bélanger et Pascal Brullemans, respectivement metteure en scène et dramaturge – et un couple dans la vie -, montent sur scène et y racontent l’histoire de leur fille morte à l’âge de deux semaines. "Ce qu’on présente est terriblement silencieux, et c’est beaucoup de tension, admet Pascal Brullemans. On dit: "Il nous est arrivé ceci, maintenant on va le vivre devant vous.""

Au dire des créateurs, le spectateur se retrouve de l’autre côté du quatrième mur, convié dans un espace d’intimité qui pourrait charmer aussi bien que déranger, ce dont ne se défend pas Nini Bélanger. "Reste qu’on prend une certaine distance. Si on ressentait tout, ce serait thérapeutique, mais ce n’est pas le cas. Les gens éprouvent un malaise avant de voir le spectacle, en voyant que nous allons parler de notre deuil, mais il faut préciser que nous laissons une place pour le spectateur. Ça demeure un objet théâtral."

Un objet qu’on serait tenté de comparer à la téléréalité, tant la ligne sur laquelle il évolue est mince. "J’avais une crainte que ça puisse être comparé à de la téléréalité, à un désir de se mettre en scène, alors que je souhaitais davantage explorer un tabou, rassure Nini Bélanger, fascinée dans son travail par le mince fil qui sépare la vie du théâtre. On prend le temps d’aller au fond des situations. On n’est pas dans l’instantanéité, ni dans le vouloir-plaire ou le vouloir-choquer; on raconte une histoire dense en prenant le temps de la développer, avec certaines maladresses et tout l’amour qu’on a pour cette situation."

Si le sujet est lourd, les créateurs ont su en dégager une envie de "vivre furieusement", qu’ils espèrent rendre palpable. "Le spectacle parle de la mort, ajoute Pascal Brullemans, mais aussi du retour à la vie, du processus qui fait que tout d’un coup on recommence à vivre, même si ce n’est pas toujours dans les bonnes conditions. Des fois on recommence à vivre mécaniquement, parce qu’on éteint la douleur. Mais si cette pièce avait été une thérapie, on se serait sans doute plantés."

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