Danièle Desnoyers : Danse des ténèbres
Scène

Danièle Desnoyers : Danse des ténèbres

Revenant au FTA après quatre ans d’absence (Là où je vis, 2008), Danièle Desnoyers réveille les oiseaux nocturnes dans sa dernière création, Sous la peau, la nuit.

Après plusieurs collaborations avec des compositeurs et des artistes visuels qui ont fait la signature de sa compagnie Le Carré des lombes, Desnoyers rend à sa discipline la primauté du mouvement. Sous la peau, la nuit est la deuxième chorégraphie où la danse se retrouve à l’état pur, après Dévorer le ciel (2010). "Une pièce est souvent créée en réaction à la précédente, et après Dévorer le ciel, une pièce blanche, lumineuse et ludique, j’avais envie, par opposition, que la danse émerge du noir et de la nuit. La lumière n’est jamais aussi belle que dans la noirceur", explique la chorégraphe québécoise qui a fondé sa compagnie en 1989.

Insomniaque, Desnoyers fréquente souvent l’autre côté du jour, auquel elle s’est intéressée comme environnement et source de stimuli, mais aussi comme espace intérieur. "La nuit est une façon de vivre, une zone qui laisse place à l’imaginaire et à une certaine sensibilité. Tous les sons deviennent extrêmement perceptibles. Il y a une fibre musculaire qui appartient à la nuit, un abandon qui émerge d’elle, une hypersensibilité, une acuité."

Pour cette oeuvre à six danseurs, la chorégraphe qui aime jouer avec les extrêmes dit toucher à celui, moins exploité dans ses oeuvres, de la profondeur des sentiments. "Qu’est-ce qui se passe sous la peau, sous le vêtement?" s’interroge-t-elle. À l’écoute de la musicalité du corps, Desnoyers travaille avec ses danseurs dans le silence pour ensuite "trouver le meilleur partenaire musical" aux mouvements, sollicitant la créativité des danseurs tout en les encadrant avec une écriture précise. "Je pense que les danseurs aiment mon mélange des genres. Ce sont des interprètes qui travaillent beaucoup dans des contextes d’improvisation. Ils ressentent le besoin d’être dirigés et d’entrer dans l’univers d’un chorégraphe, mais je m’intéresse aussi beaucoup à ce qu’ils proposent, à leur propre intuition."

Son langage chorégraphique recherché, souvent impétueux et électrique, s’est inspiré ici de la danse des cabarets de Montréal des années 1940, à la suite d’une rencontre imprévue, provoquée par le visionnement d’un documentaire. "C’est incroyable comme la danse était riche durant ces années-là! On parle d’une danse à mi-chemin entre la danse sociale et la danse de création. J’ai été vraiment estomaquée par la richesse du vocabulaire tout en jambes, souvent agitées. On en retrouve de façon assez ironique dans le spectacle, avec des "caméos" et beaucoup de duos." Précisons que la pièce ne sera pas représentée à Montréal après le FTA. Seulement trois soirs pour voir Tal Adler, Karina Champoux, Paige Culley, Bernard Martin, Pierre-Marc Ouellette et Anne Thériault se transformer en oiseaux de nuit.