Les 7 doigts de la main : Joyeuse apocalypse
Scène

Les 7 doigts de la main : Joyeuse apocalypse

Le spectacle le plus acclamé de la compagnie circassienne Les 7 doigts de la main, Traces, s’amène à Sherbrooke. Sous le toit de la place Nikitotek: un concentré d’acrobaties inventives dans une ambiance de fin du monde.

Le cirque made in Québec fait des petits et se fait voir un peu partout. Par exemple, lors de la plus récente cérémonie des Oscars, Brangelina et environ 40 millions de téléspectateurs furent scotchés à leurs sièges lors d’une faste et expéditive performance du Cirque du Soleil. Le tout-Hollywood était pantois, et celle qui en assurait la mise en scène, Shana Carroll, a pu crier victoire (tout en respirant un peu mieux).

Cette cofondatrice des 7 doigts de la main est également cometteure en scène de Traces. Ce spectacle fut la deuxième création de la compagnie montréalaise qui célèbre son 10e anniversaire cette année. "On a créé ce show avec cinq artistes qui étaient comme nos enfants, explique Shana. On les avait vus grandir; on connaissait leurs talents. C’était donc très familial, et ça nous a permis de faire un spectacle d’un style différent, un peu plus urbain. Après, d’autres artistes furent impliqués. On a su évoluer, tout en conservant l’âme de ce show."

"Il y a quelque chose chez les gens dans la vingtaine, poursuit-elle. Ils ont de l’audace, mais il y a aussi l’innocence de croire qu’on peut changer le monde. Les grands mouvements politiques partent souvent des étudiants. Avec Traces, on a voulu saisir cette énergie-là, cette combinaison de rébellion et d’amour."

Le "printemps érable" aurait donc très bien pu servir d’amorce pour Traces, mais l’histoire fut écrite en 2005. "On sentait alors une certaine urgence sur la scène politique, et c’était une période avec plusieurs catastrophes naturelles, mais on ne fait référence à rien de précis. Le scénario est apocalyptique, mais ça demeure métaphorique. Si une catastrophe survient, comment allez-vous laisser votre trace? C’est la question qu’on pose. Et en temps de crise, le plus utile n’est pas le kit de survie, mais l’art. C’est avec l’art que nous allons reconstruire la société. Les personnages du show créent un abri pour s’exprimer, créer, et laisser leur trace… Même dans les moments les plus noirs, c’est la joie qui peut nous sauver."

Le thème a inspiré plusieurs des numéros de Traces. "Entre nous, la première chorégraphie, on la nomme "car crash". C’est comme un accident de voiture, avec les phares dans les yeux, l’explosion, les morceaux qui s’envolent partout… C’est très acrobatique. Ensuite, il y a des scènes un peu plus sombres, mais il y a aussi beaucoup de lumière, comme dans le numéro avec les skateboards. Et il y a un duo main-à-main très sensuel, qui souligne autrement l’importance des relations humaines dans les moments difficiles."

Les assises émotionnelles de ce spectacle ne sont sûrement pas étrangères à son succès; on se souvient entre autres de la présence de Traces dans le top 10 de 2011 du magazine Time (dans la catégorie Plays and Musicals). Shana Carroll confirme que ce show est le plus acclamé parmi les créations de la compagnie. La raison est fort simple: "C’est le show qui a le plus joué. Les longues tournées aident à recevoir des prix et des critiques. Traces a été soutenu par des producteurs américains, et c’est notre seul show présenté à New York…"

Cet été, ce sera au tour des Sherbrookois de critiquer et d’applaudir.