Alain Zouvi : Jouer au docteur
Alain Zouvi réunit une "gang de fous" au Théâtre du Vieux-Terrebonne avec Haute pression, une comédie américaine sur les mensonges d’un faux médecin.
Subterfuges, tricheries et faux-semblants. Thèmes récurrents au théâtre s’il en est et potentiel comique par excellence. Alain Zouvi n’a pas hésité à accepter l’offre de Benoît Brière (qui signe la direction artistique), avec qui il partageait la scène de ce même théâtre l’an dernier dans La cage aux folles, d’adapter la comédie américaine de Billy Van Zandt et Jane Milmore, "maîtres de la farce moderne", dixit le New York Times. "Ça correspondait à mon style de folie, explique le metteur en scène. J’aime quand les choses vont rapidement, que les gens commencent détendus et dévoilent soudain leur folie."
La pression monte quand des parents décident de rendre visite à leur fils censé étudier la médecine, alors qu’en fait il écrit un roman confortablement assis dans son condo à Outremont. Fiston (Éric Bernier) doit vite transformer sa demeure en clinique pour duper ses pourvoyeurs qui débarquent de Calgary, aidé de son complice comédien (Luc Guérin) qui jouera tous les patients. "C’est vraiment mon style d’humour, poursuit Zouvi. Un théâtre qui démarre de manière très réaliste et dérive dans une folie, stylisée à ma façon: qui peut se résumer à dire des choses anodines de manière très intense. Il n’y a pas un seul moment où les acteurs ne se croient pas, même si c’est parfois tiré par les cheveux. Ils vivent le drame à fond. S’ils prenaient le temps de réfléchir, ils ne feraient pas les conneries qu’ils font. Il y a du Feydeau là-dedans, des portes qui claquent et des poursuites."
Avec une "distribution de rêve", dont Violette Chauveau, Pierre Chagnon et Evelyne Rompré, qu’il désigne comme sa "muse de comédie", Zouvi endosse bien le mandat du théâtre d’été de faire rire (ce qu’il adore), mais emmène sa "gang de fous" dans un théâtre un peu flyé qui ne tombe pas dans l’humour gras, selon lui. "Ce n’est pas nécessaire d’être de mauvais goût pour être drôle", plaide-t-il. Ayant collaboré avec Louis-Georges Girard et Perry Schneiderman à la traduction du texte américain, adapté et transposé au Québec, Zouvi revendique un certain niveau à la pièce, même dans le langage. "Souvent, on traduit les pièces comiques slang en québécois et ça devient grossier. Ce n’est pas le cas ici. On est capable d’être drôle au Québec sans être nécessairement vulgaire." Grand bien nous fasse.