Piss in the Pool : Piquer une tête
Scène

Piss in the Pool : Piquer une tête

La chorégraphe Dana Michel fait partie des sept artistes invités à plonger dans la piscine du Bain Mathieu pour l’événement Piss in the Pool. L’organisateur Andrew Tay poursuit ce stimulant projet d’art in situ pour une huitième  année.

Investie de la mission d’élargir le public de la danse contemporaine et de présenter des pièces dans des lieux inhabituels, la compagnie Wants & Needs Danse, connue aussi pour Short & Sweet, un événement où des chorégraphes présentent des oeuvres de moins de cinq minutes, déplace sa niche habituelle du Bain Saint-Michel au Bain Mathieu pour la huitième édition de Piss in the Pool. Ce projet in situ invite des chorégraphes à créer une oeuvre originale dans une piscine. "Travailler dans un lieu qui n’est pas dédié au théâtre est intéressant, explique Dana Michel, qu’on a pu voir dans le Cabaret Gravel Cabaret au Lion d’or en mai dernier. C’est inspirant de commencer à créer dans cet espace, ce lieu vide, froid et écho, habité peut-être par des fantômes, et de voir ce qui émerge de cette alchimie."

Participant pour une cinquième année à l’événement, Dana Michel se réjouit de se retrouver dans le nouvel espace du Bain Mathieu, après avoir créé quatre pièces dans le Bain Saint-Michel. Elle n’avait pas encore investi la piscine lors de l’entrevue, mais avait déjà des pistes de recherche pour cette nouvelle création. "Je cherche à savoir ce qu’est la danse noire et à remettre en question les préjugés à son sujet, pour comprendre ce que veut dire être, comme moi, une danseuse canadienne et caribéenne. Ce n’est pas une étude, mais plutôt un exercice de déconstruction des grands stéréotypes. Je prends, par exemple, la fameuse coupe de cheveux afro, et je la défais en morceaux, jusqu’à nettoyer le plancher avec."

Les chorégraphes ne disposent que de quelques semaines dans l’ancienne piscine et sont libres d’habiter l’espace à leur guise: au fond du grand bassin, dans le petit bain et le long des bords de la piscine. "Ça me plaît de travailler avec des contraintes de lieu et de temps, poursuit la chorégraphe. Et la piscine est assez petite, ce qui est particulier. Plus on est contraint, plus on est libéré", croit la danseuse qui n’aura que deux semaines et demie pour travailler dans l’architecture du Bain Mathieu. Pas de procrastination possible. Le défi est de créer dans l’urgence.

La piscine comme tremplin

Créé pour des chorégraphes émergents, Piss in the Pool a permis à plusieurs artistes de faire leurs premiers pas et de présenter ensuite leurs oeuvres à Tangente et à La Chapelle, explique Andrew Tay, commissaire de l’événement avec sa complice Sasha Kleinplatz. "Aujourd’hui, on cherche à mélanger de jeunes chorégraphes avec des artistes plus établis. On essaie surtout de choisir des artistes qui ont différents points de vue sur la danse, de mêler des anglophones et des francophones, des artistes de performance et des danseurs." Aux côtés de Virginie Brunelle, plus connue du grand public, on trouvera le performeur "queer" 2boys.tv, la chorégraphe Dorian Nuskind-Oder, qui travaille avec la vidéo, Hélène Messier, qui mêle le butô et le contemporain, puis Sarah-Ève Grant et la Française Leïla Gaudin. Pour voyager à travers ces différents univers, le public est aussi appelé à se déplacer dans l’espace, organisé différemment pour chaque spectacle. Prêts pour un plongeon?