Shana Carroll / Les 7 doigts de la main : À un fil
Deux années se sont écoulées depuis la grande première de Psy à Montréal et sa reprise au CNA. Rencontre avec la metteure en scène Shana Carroll, l’un des 7 doigts de cette magnifique et sensible main.
"La structure de Psy a été très fixée au départ. L’évolution, par rapport à ce que l’on a pu présenter il y a deux ans, réside dans le fait que le spectacle est plus resserré", affirme Shana Carroll à propos du premier projet qu’elle a piloté en majeure partie seule, avec l’appui d’Isabelle Chassé à la mise en scène et de Gypsy Snider au jeu et à la création des personnages. Carroll s’esclaffe: "We definitely trimmed the fat!"
Un spectacle plus court, donc, d’une quinzaine de minutes. Mais cette nouvelle mouture de Psy déploie également un dépouillement sur le plan du récit, qui amènera certains passages à disparaître complètement, puis d’autres à s’ajouter afin d’agir comme éclaireurs lors de moments plus abscons, comme l’explique la trapéziste: "L’acrobatie, c’est comme la danse, ça vient créer des images. Quand on vient imposer une histoire trop importante, on peut perdre le sens du spectacle et de ce que font les artistes sur scène. Nous nous sommes rendu compte que dans certains passages, le dialogue venait ajouter de la légèreté."
Psy traite des problèmes de santé mentale, sujet chargé s’il en est. Une thématique qui a résonné d’une façon bien particulière pour la créatrice, ainsi qu’auprès des personnes qui ont servi de matière brute pour façonner le spectacle. "Les gens qui sont atteints de près par l’une de ces maladies affirment être très touchés par la lecture qu’on en fait. Ce qui fait en sorte que le spectacle touche autant les gens, c’est qu’on ait trouvé le bon ton pour en rigoler."
"J’ai réalisé que les réactions négatives proviennent en fait des personnes qui ne sont pas en contact avec l’une de ces maladies, soutient-elle. Elles vont nous dire que c’est insultant; pourtant, elles ne savent pas de quoi il en retourne. Quand tu vis avec l’un ou l’autre de ces problèmes, tu veux tellement en rire!"
Quelques jours après son passage au CNA, Carroll présentera, au festival Montréal complètement cirque, Séquence 8, une cocréation qu’elle signe avec son mari Sébastien Soldevila et qu’elle décrit comme une "réflexion abstraite sur les relations avec l’autre". "C’est la première fois que Sébastien et moi devons décider qui de nous deux reste avec notre bébé, et qui va au spectacle. C’est vraiment super."