Fernand Rainville / Amaluna : Tout feu, tout femmes
Fernand Rainville a trouvé dans l’acrobate-chanteuse Marie-Michelle Faber une des déesses d’Amaluna, le nouveau spectacle du Cirque du Soleil. Féminin pluriel.
L’intention artistique à l’origine d’Amaluna était de rendre hommage à la performance féminine, indique le directeur de création Fernand Rainville. Pour concevoir ce premier spectacle essentiellement féminin du Cirque du Soleil, il a d’abord recruté la metteure en scène américaine Diane Paulus. "Elle a réalisé beaucoup de projets non traditionnels, comme l’adaptation, dans un bar, du Songe d’une nuit d’été avec juste des grands succès disco", illustre-t-il.
Elle possède également "un bon background théâtral". "Je crois qu’on n’avait jamais poussé la notion de courbe dramatique aussi loin sous chapiteau, observe-t-il. Diane voulait voir comment une véritable histoire pouvait s’amalgamer à un spectacle de cirque. Ça demeure très simple, mais on projette la performance dans un univers émotif."
Sous l’effet de plusieurs influences (la mythologie grecque, La tempête de Shakespeare, La flûte enchantée de Mozart…), Amaluna raconte le rituel de passage à l’âge adulte d’une jeune fille vivant sur une île gouvernée par des déesses, son premier amour et la mise à l’épreuve de ses sentiments. "Je me disais qu’il fallait sublimer ces femmes, en faire des déesses, raconte-t-il. Diane, elle, a amené l’idée de La tempête, pour aborder le thème de la transmission, des relations mère-fille."
Leur quête de performances féminines exceptionnelles les a menés à Marie-Michelle Faber, une artiste originaire de Québec. "Dans Corteo, j’ai mixé pour la première fois le chant et la performance aérienne. J’ai prouvé que c’était possible", raconte-t-elle. "Quand on l’a vue exécuter un numéro de tissu en chantant, on s’est dit: "Voilà une déesse!", renchérit Fernand Rainville. On lui a demandé d’utiliser le cerceau parce que ça se prêtait bien à l’imagerie de la lune. On voulait créer un personnage d’une grande force symbolique dans un spectacle dont le titre signifie "la mère et la lune"."
Autres inédits: de l’équilibre sur cannes sur le pourtour d’un grand bol d’eau, un appareil créé sur mesure pour un numéro de barres asymétriques, une performance sur fil de fer à quatre fils, la présence d’un carrousel sous le chapiteau, un fascinant numéro de manipulation, etc. On s’éloigne aussi de la facture traditionnelle du Cirque du Soleil d’un point de vue musical, avec des airs plus électros, plus rock. "On a voulu surprendre tant sur le plan acrobatique que sur celui de la présentation, résume le directeur de création. On se sent fiers de proposer quelque chose de différent."