Petri Tuominen : Cirque brut
Scène

Petri Tuominen : Cirque brut

Le cirque trash finlandais débarque avec Petit mal. Petri Tuominen, membre du trio de la Race Horse Company, nous parle de ce spectacle déchaîné, brut et sans fla-fla.

Ils n’ont pas encore 30 ans, ont le cirque dans le sang, carburent au danger et à l’humour noir. Le trio réuni à la Race Horse Company fait dans le cirque extrême et sans compromis. Petri Tuominen, formé à Stockholm, spécialiste du mât chinois et acrobate aux airs rebelles de cascadeur, à l’instar de Rauli Kosonen et Kalle Lehto, ses deux compères, explique la genèse de Petit mal, un spectacle où l’anarchie règne en maître. "La première idée du spectacle est venue du fait qu’on voulait faire du vrai cirque. Le type de cirque contemporain qu’on voyait à l’époque, qui mélangeait la poésie, le théâtre, le multimédia et toute cette bullshit, on n’en voulait pas! Nous ne sommes pas des danseurs, alors nous n’allions pas danser sur scène."

À l’origine, il y a aussi une image volée au détour d’un périple par Petri Tuominen. "Je voyageais au Népal en autobus et j’ai aperçu, entre deux maisons à moitié détruites, une sorte de dépotoir, et dans un trou, il y avait un petit enfant qui regardait avec des lunettes 3D. C’est un des points de départ pour le show, mais chacun y a mis ses idées."

Avec ce désir d’honnêteté dans la démarche, cette beauté tirée de la destruction et cette volonté de retour aux sources d’un art d’abord fondé sur l’acrobatie, les trois jeunes artistes ont mis leurs forces en commun et se sont inspirés de leurs histoires personnelles pour créer Petit mal. Issus de disciplines diverses (trampoline, breakdance, hip-hop, arts martiaux, kickboxing), ils ont construit un spectacle métissé, à leur image, tatoué de leurs couleurs. "On a tous différents backgrounds, chacun nos influences personnelles, mais tous ensemble, on partage un sens de l’humour. On n’est peut-être pas comiques, mais disons qu’il y a de drôles de choses qui arrivent!"

C’est le moins qu’on puisse dire, à visionner quelques images sur YouTube. Ils détruisent littéralement leurs sautoirs, coupent les fils qui les attachent, se déguisent, se vautrent dans des pneus, faisant de l’accidentel le coeur de leur spectacle et pulvérisant la scène en vrai champ de bataille. Loin des paillettes, en un geste iconoclaste, la Race Horse Company fait du cirque garage dans ce qui s’apparente à une cour à scrap.

Petit mal réfère d’ailleurs à la crise épileptique, à cet état de convulsion proche du chaos qui se dégage de la performance de ces trois maniaques du risque. "On s’est inspiré de ce qui n’a pas de sens autour de nous, et aussi, on n’avait pas beaucoup d’argent à nos débuts, alors on a récupéré tout le vieux stock que l’on trouvait."

Refusant l’étiquette de cirque "underground" (comme toutes les autres), Tuominen cherche plutôt à créer avec ses coéquipiers un cirque loin des faux-semblants, coulé dans le vrai, où l’on sent le niveau élevé de risque, le péril qui plane au-dessus des acrobates. "On prend des risques calculés, mais ça demeure dangereux. Au cirque, si l’acrobate tombe, il peut mourir. Il ne faut pas l’oublier." Déjouant la mort comme les conventions du cirque avec une indocile franchise, les enfants terribles finlandais présentent pour la première fois en Amérique du Nord leur bébé qui roule en Europe et en Australie depuis des mois. Sueurs et défoulement garantis.