Séquence 8 : Les uns contre les autres
La nouvelle création des 7 doigts de la main, Séquence 8, fait éclore le talent de huit jeunes artistes circassiens soudés les uns aux autres. Comme les parties d’un tout.
Eux-mêmes pour la plupart enfants de la balle qui ont fait leurs premières armes à un jeune âge, Les 7 doigts de la main s’emploient à révéler le talent exceptionnel et à le faire briller sous les gros projecteurs. Après l’exaltant Traces, qui transpirait l’urbanité et l’énergie débridée et Psy, qui sondait la psyché humaine, le collectif fait une fois encore place à une nouvelle génération d’artistes dans Séquence 8, un spectacle plus émotif et intime dirigé par Shana Carroll et Sébastien Soldevila.
Campé dans un décor minimaliste avec des cadres suspendus à l’arrière-scène, le spectacle prend vite les couleurs de la personnalité des huit recrues. Dès l’introduction, le maître de cérémonie Colin Davis s’adresse au public pour parler au "nous". Avec ses interventions humoristiques et désinvoltes, il apportera le liant entre les numéros du spectacle dans un monologue sans queue ni tête, un faux talk-show, un jeu-questionnaire… Encore une fois, ce cirque à l’échelle humaine fait le pari d’inclure la parole et d’appeler les artistes par leur prénom. Ainsi, Devin, Ugo, Colin, Tristan, Camille, Eric, Maxim et Alexandra se révéleront tour à tour tels qu’ils sont. Colin joue aussi de la trompette? On glisse un petit numéro musical entre deux acrobaties! Et ça réussit.
Effets de miroirs avec anneaux chinois, étreintes des amants au main à main, rapport de cause à effet sur la planche coréenne… le thème de la rencontre est exploité sous toutes ces facettes. Mais ce qui ajoute à la cohésion de l’ensemble, c’est la chimie palpable entre ces finissants de l’École nationale de cirque, percevable dans leurs boutades, regards francs et rires sincères.
Sur des musiques enlevantes, les huit camarades font ainsi succéder les numéros en groupe, superbement chorégraphiés, aux tableaux plus sensuels et éthérés, en solo ou duo. Les performances d’Alexandra Royer comptent parmi les plus belles: le numéro de barre russe où elle vole comme un oiseau, ou celui du cerceau aérien, envoûtant. Avec beaucoup d’adresse et de charme, Eric Bates saura aussi convaincre les plus rébarbatifs aux numéros de jonglerie avec ses boîtes à cigares, un des bons moments du spectacle auquel tous les membres participent.
Le seul reproche qu’on pourrait faire à Séquence 8, c’est sa jeunesse. Certains artistes manquent d’assurance dans le jeu et certains numéros ont besoin d’un polissage, mais rien que la série de représentations à la TOHU et la tournée qui suit ne sauraient régler. Et surtout, rien pour nuire à la réjouissance du spectateur de voir les premiers pas d’une fichue belle bande de huit.