Histoire de fous : Folies passagères
Écrite à six mains, Histoire de fous, présentée au Théâtre des Cascades tout l’été, est une comédie attendrissante qui s’éparpille.
La prémisse a été visitée à maintes reprises: de "vrais fous" plongés dans une histoire rocambolesque où les "gens normaux" les font paraître comme les plus lucides du lot…
Dès les premières minutes de la pièce, Henri (Roger Léger) et Benoit (Stéphane Jacques) s’adressent au public pour reconstituer leur histoire. Cette introduction fait craindre le pire: sommes-nous venus au théâtre pour rire des tics et travers de handicapés intellectuels? Heureusement, Histoire de fous repose sur un récit plus profond mais parfois démesuré, signé Olivier Aubin (aussi à la mise en scène), Luc Boucher et Dominic Quarré.
Henri, un gaillard de 49 ans doté d’un âge mental de 4 ans, et Benoit, un inquiet obsédé par la routine, héritent de la maison de la vieille dame qui les avait pris sous son aile. Dès lors, les deux compères doivent prouver à la travailleuse sociale (désopilante Suzanne Champagne), qui viendra les visiter à trois reprises, qu’ils peuvent être autonomes. Pour ce faire, ils auront l’aide de leur voisine Josianne (Geneviève Schmidt, gaspillée dans un rôle gnangnan) et de Jerry, un évadé de prison qui s’introduit par effraction (François Bernier).
Sans détour, le trio d’auteurs a épousé les codes de la comédie d’été: quiproquos, blagues puériles, allées et venues incessantes… Et évidemment, la galerie de personnages est dessinée à gros traits. Le duo d’hommes sans défense fait preuve d’une grande douceur et d’un amour inconditionnel. La travailleuse sociale se montre dédaigneuse et maniaque de la propreté. Le bandit au coeur tendre oublie toute malice devant la candeur de ses deux hôtes. Et la voisine naïve cuisine de gros gâteaux au bad boy dont elle est tombée follement amoureuse. Mais qui trop embrasse mal étreint. Les auteurs tenaient là une drôle et attendrissante histoire de réinsertion sociale (de Henri et Benoit, mais aussi de l’ex-détenu). Or, la sauce est gâtée par quelques digressions grossières, ainsi que par des références faciles qui tombent à plat: la palourde royale des Kiwis et des hommes, les enveloppes brunes et l’industrie de la corruption…
Le spectacle profite néanmoins d’interprètes au sommet de leur forme. Stéphane Jacques et Roger Léger livrent un duo de bouffons fort attachant. Et le plaisir est décuplé chaque fois qu’une scène inclut la grande dame de la comédie Suzanne Champagne, qui s’envoie un coup de fusil dans le toupet et boit un cappuccino toxique. Quant à la mise en scène, si elle tombe parfois dans des excès quasi cartoonesques, elle propose aussi de fort beaux moments comme le récapitulatif de l’histoire, à reculons et en accéléré.