Sylvie Moreau : Entrer dans la zone
Pour une quatrième édition, Zone Homa ouvre tout grand une porte aux artistes émergents qui se produiront en théâtre, danse et musique lors de 30 soirs de représentation. Entretien avec la comédienne Sylvie Moreau, qui partage le rôle de porte-parole avec Alexis Martin.
Du temps et un lieu de création… Voilà ce qu’offre depuis quatre ans Zone Homa aux jeunes créateurs pendant la période estivale. "Elle est si importante, cette idée de laboratoire. Les artistes doivent sentir qu’ils peuvent être en recherche, qu’ils ne sont pas condamnés à arriver à des résultats finis, léchés, dont ils ont fait le tour. La création demande du temps", rappelle avec conviction la comédienne Sylvie Moreau, qui se réjouit que l’événement s’enracine dans le quartier HoMa, où elle a vécu pendant une vingtaine d’années et auquel elle s’est beaucoup identifiée.
Sur les 145 dossiers reçus en 2012, une quarantaine de projets de différentes disciplines ont été retenus. Une occasion pour ces artistes émergents de rencontrer pour une des premières fois leur public… Un échange crucial, souligne Sylvie Moreau, qui a beaucoup appris de ses débuts en improvisation, où elle a exploré divers personnages et formes d’écriture, en communication constante avec des spectateurs.
"C’est dans la création que je suis le plus purement moi-même, réitère celle qui oeuvre auprès des compagnies théâtrales Momentum et Omnibus. C’est une nourriture très importante pour tout ce que je fais. Ça rejoint complètement ma façon de travailler et de créer lorsque j’anime le gala des prix Jutra, par exemple. J’apporte avec moi l’assurance que ces expérimentations m’ont donnée."
Zones de liberté
Bien qu’elle fasse place à la musique, à la danse et à la performance, la programmation 2012 de Zone Homa est majoritairement composée de lectures et de spectacles de théâtre. À commencer par la soirée d’ouverture, UsineS, où six courtes pièces inspirées de lieux industriels montréalais seront lues. Parmi eux, l’usine Tricots Main inc. sera redécouverte sous la plume de Sarah Berthiaume, la station des eaux usées Jean R. Marcotte par Olivier Morin, l’Usine C par Simon Boulerice et l’usine Sanimax par Sarianne Cormier. Les nouveaux textes de Matthieu Girard (Pain), d’Ève Lemieux (Les truies se plaignent), de Maxime Carbonneau (Winnebago) et d’Emmanuel Reichenbach (Sorel-Tracy) feront notamment l’objet d’une mise en lecture.
Le volet théâtre est complété par des créations telles que Du sable dans tes yeux de Louis-Charles Sylvestre par le Théâtre de c’t’année là, Bocaux, une création de courtes pièces, chansons et monologues signés Sonia Cordeau, Simon Lacroix et Raphaëlle Lalande, les spectacles solos Biscuit chinois de Jocelyn Pelletier et De ne pas crever de Frédéric Lemay, la tragédie contemporaine Monsieur Victor de Cassandre Émanuel…
"Ces projets sont le reflet des préoccupations actuelles de la relève. C’est une bonne façon de prendre le pouls de ce qui se passe à Montréal présentement et de ce qui peut se passer plus tard… Afin d’un jour pouvoir dire: j’ai eu le privilège de suivre les premiers pas de tel artiste…" suggère Sylvie Moreau.
À titre de porte-parole aux côtés d’Alexis Martin, la comédienne pourra mettre ces jeunes créateurs en dialogue avec des artistes plus accomplis lors de la soirée Carte blanche qui vient clore l’événement. "On va faire appel à des gens qui ont une certaine filiation avec notre façon de créer, notre regard, notre ton. Alexis et moi, on s’est dit qu’on voulait découvrir le show pendant qu’on le faisait. On va arriver préparés, mais tout de même avec des zones de liberté", résume-t-elle.