Haute pression : Jouer au docteur
Avec Haute pression, le Théâtre du Vieux-Terrebonne offre un divertissement vite englouti et digéré, mais difficile à avaler. Dites "ahhh"!
Robert Gagnon Jr, jeune auteur narcissique qui vit aux crochets de son richissime pôpa pétrolier dans un loft BCBG d’Outremont, apprend que ses géniteurs débarquent de Calgary. Ces derniers pensent que leur "Robichou" tient une respectable clinique médicale servant la plus noble des clientèles. Rien de plus normal puisqu’ils financent depuis sept ans ses études en médecine, toutes dépenses payées. Ce qui n’est pas sans déplaire à son colocataire, qui a raté sa carrière d’acteur.
Dans la première scène de la pièce Haute pression – une adaptation de Playing Doctor de Billy Van Zandt et Jane Milmore -, "Bob" pour les intimes (Éric Bernier) dicte la fin de son roman à sa nouvelle secrétaire (Évelyne Rompré) pour vite comprendre qu’il a affaire à une amatrice. Ce premier quiproquo sera suivi de mille autres puisque le fils à papa, prêt à tout pour conserver sa façade, décide de jouer le tout pour le tout et de transformer son appartement en clinique, recrutant son colocataire (Luc Guérin) pour jouer les malades.
Bien huilée, cette introduction plutôt rigolote laisse présager une suite prometteuse. Dommage que les choses se gâtent, notamment avec l’intervention de personnages caricaturaux (l’ex-mari jaloux, la voisine nymphomane) et de "rôles dans le rôle" ridicules (E.T., Spiderman, Soeur volante?). Y a-t-il un docteur dans la salle?
Est-ce que la comédie d’été peut tout se permettre? Le genre a le dos large, mais on se demande ce qui a bien pu motiver le directeur artistique Benoît Brière et le metteur en scène Alain Zouvi à adapter une comédie aussi insignifiante. Et même à en ajouter une couche en insufflant à l’adaptation québécoise des références futiles: Les belles-soeurs, Star Ac’, les casseroles et manifs étudiantes…
De la part de la distribution, pourtant cinq étoiles, on perçoit peu d’engagement. Comment expliquer si peu de connivence entre les deux meilleurs potes? de complicité entre les deux amants? d’aigreur entre les vieux époux? Mention spéciale tout de même à Sylvie Potvin qui s’en tire bien dans le rôle de la mère du fils trompeur, qui prend des rasades de gin et refuse de s’étendre.
Bref, un divertissement qui se consomme comme un bête sitcom (en témoignent les spectateurs qui parlent comme s’ils étaient assis devant leur téléviseur), qui fait surtout sourire, parfois rire, mais qui se fait vite oublier.
Ah les critiques! Je crois que c’est Louis de Funès qui a dit: il est très rare que quand on demande à un enfant de quatre ans ce qu’il veut faire plus tard, il vous réponde: J’veux être critique, j’veux être critique! Non mais de quel droit peuvent-ils se permettre d’écrire, comme le fait Mme Mélissa Proulx du « Voir »: « Est-ce que la comédie d’été peut tout se permettre? »
Mais bien sûr qu’elle peut tout se permettre la comédie d’été Mme Mélissa Proulx, si les gens apprécient et rient. Ou encore comment peut-elle, Mme Proulx, se permettre
de traiter les gens d’insignifiants en écrivant: « …mais on se demande ce qui a bien pu motiver le directeur artistique Benoît Brière et le metteur en scène Alain Zouvi à adapter une comédie aussi insignifiante ». Eh bien, Mélissa, la motivation était de monter un bon spectacle pour divertir et faire rire le public, que nous aimons sincèrement et que nous voulons de retour pour les années à venir. Traiter les gens qui viennent voir notre spectacle d' »insignifiants », c’est tout à fait prétentieux et gratuit. Mais le comble c’est de dire: « De la part de la distribution, pourtant cinq étoiles, on perçoit peu d’engagement » Voulez-vous qu’on en parle de leur engagement? Ils se sont engagés et continuent à s’engager tous les soirs à jouer cette pièce, donnant tout ce qu’ils ont, au meilleur de leurs capacités, pour les rires du public, exactement comme vous, vous vous engagez à bouder votre plaisir, vous imaginant que votre titre de critique fait que votre opinion représente celle de tous vos lecteurs. Ah oui! Vous oubliez de mentionner que le spectacle l’atteint son but; celui de faire rire, et que les gens s’amusent du début à la fin du spectacle. Évidemment, ça, ce n’est pas important. Bravo et merci pour votre soutien.