Paul Kreppel / Wicked : Défier la gravité
Au début de l’année, l’acteur américain Paul Kreppel ne se doutait pas que quelques jours plus tard, il serait convoqué à New York pour prendre part à l’aventure Wicked, l’un des plus grands succès des dernières années sur Broadway.
"Ce qui m’enchante par-dessus tout, c’est de constater à quel point tous les rouages de ce magnifique spectacle sont parfaits. Derrière cette immense production en tournée, chaque membre vaut son pesant d’or. C’est de se rendre compte que l’on prend part à quelque chose qui va bien au-delà de soi", d’affirmer d’emblée l’acteur de 65 ans Paul Kreppel, lauréat d’un prix Tony pour son travail à la mise en scène de la revue Jay Johnson: The Two and Only en 2007.
Faisant partie de la liste des acteurs susceptibles d’être désignés pour revêtir les parures du magicien – le "Wizard" – dans la production en tournée de Wicked, Kreppel ne se doutait toutefois pas que l’appel allait arriver si rapidement. "Ça a été un choc que de passer d’une toute petite production à une si grosse famille", explique en riant l’acteur qui, à l’époque, présentait son one man show My Mother’s Italian, My Father’s Jewish and I’m in Therapy au Théâtre Bathurst de Toronto. "Je me suis vite retrouvé entouré de jeunes acteurs hyper talentueux pour la plupart de l’âge de mes enfants, et que je considère comme aujourd’hui comme ma famille."
Avec des recettes totalisant plus de 1,8 milliard de dollars, ses trois Tony (en production originale), ses six prix Drama Desk et son Grammy, Wicked s’avère le succès le plus colossal issu de Broadway depuis des lustres. Campé dans le pays magique d’Oz, celui-là même qui verra, des années plus tard, une certaine Dorothée amorcer, de ses souliers rouges, son trajet afin de trouver le Magicien d’Oz, Wicked s’attarde au récit de deux sorcières, Elphaba et Galinda, qu’un monde sépare. La première, à la peau verte, est passionnée, franche mais incomprise. La seconde, blondinette et à la peau d’ivoire, pourrait rafler la couronne de reine à n’importe quel bal de finissants si elle le voulait.
"Je me reconnais en Elphaba, admet Paul Kreppel. Grandir en étant artiste n’est pas facile, on nous cantonne dans des stéréotypes, nous met de côté facilement. Dans Wicked, Elphaba se bat contre les idées préconçues et, par sa force de caractère, parvient à démontrer qu’il existe plus au-delà de la couverture du bouquin."
Il conclut, tentant d’expliquer la folie entourant le phénomène Wicked: "Je connais Stephen (Schwartz, auteur et compositeur de la musique du spectacle) depuis plusieurs années et lui-même ne se doutait pas de l’ampleur que le spectacle allait prendre. Je peux seulement affirmer que c’est un superbe spectacle qui résonne bien en dehors de l’enceinte théâtrale. Wicked parle de politique, de pouvoir, de racisme, d’amitié; ce sont des sujets d’une universalité incroyable. Et avec quelques-unes des plus belles chansons à avoir été composées ces dernières années, c’est difficile de ne pas tomber sous le charme."