Eva Kolarova : Étoile croisée
Scène

Eva Kolarova : Étoile croisée

Forte d’une riche expérience d’interprète, Eva Kolarova prend l’habit de chorégraphe pour présenter La métamorphose de  l’amour.

Elle a 23 ans et une feuille de route impressionnante. En République tchèque où elle est née, Kolarova fait ses premiers pas de danse à 8 ans, entre au Conservatoire national de danse de Prague puis, à 15 ans, à la prestigieuse école Maurice Béjart de Lausanne où elle travaille avec le grand maître. La jeune danseuse passe ensuite par l’Académie de ballet de Munich, puis l’Opéra national du Rhin en France, avant de rejoindre l’an dernier les Grands Ballets Canadiens. Interpréter les plus grands (Béjart, Ivan Liska, Bertrand d’At, Jiri Kylian, William Forsythe et autres) ne lui suffit pas: Kolarova signe ses propres chorégraphies depuis plusieurs années, remportant des prix en Europe du haut de sa petite vingtaine. "J’ai commencé à faire de la chorégraphie vers l’âge de 12 ans. Ça m’a toujours passionnée. Quand j’interprète ma propre chorégraphie, je sais exactement ce que je veux dire, mais en même temps, je reste un peu prisonnière de mon corps. Plus j’avance, plus j’aime chorégraphier pour quelqu’un d’autre, pour ne pas être limitée par mon seul corps."

Cette semaine, la jeune étoile propose sa première chorégraphie indépendante d’une heure, après des oeuvres plus courtes présentées en Europe. Trois de ses collègues des Grands Ballets Canadiens, Mahomi Endoh, Hamilton Nieh et Jean-Sébastien Couture, interpréteront sous sa direction La métamorphose de l’amour. Le titre pourrait laisser croire que la chorégraphe s’est inspirée de l’oeuvre de Kafka, d’origine tchèque comme elle, mais la filiation est plutôt du côté d’un Latin nommé Ovide et de ses Métamorphoses. "Le spectacle traite de la transformation de soi qui passe souvent par l’amour même si on ne le veut pas, et de l’amour qui se transforme, qui peut être bon, méchant, tragique ou humoristique. Je l’aborde sous plusieurs points de vue, mais ça finit bien", rigole-t-elle.

Affirmant sa parenté artistique avec le chorégraphe d’origine tchèque Jiri Kylian, Kolarova dit porter l’héritage de ceux qui l’ont formée, mais chercher surtout à développer son propre style, qu’elle qualifie de minimaliste. "Il y a encore des lignes, parce que j’ai une base classique et une attirance pour l’esthétique classique, mais le répertoire très large et souvent contemporain des chorégraphes avec qui j’ai travaillé m’a beaucoup touchée. Je cherche surtout à ce qu’il y ait une idée derrière le mouvement. Je déteste la danse qui bouge pour bouger. Je trouve qu’il y a souvent trop d’informations dans le monde actuel et dans la danse. Au lieu de dire quelque chose avec quatre mouvements, le danseur bouge pendant dix minutes et ne va pas dans la profondeur. Il reste en surface", explique la danseuse dans un joli français qu’elle a appris en Suisse en débarquant, adolescente, dans l’école du grand Béjart. "Ça a été une grande expérience parce que j’étais vraiment jeune. J’ai eu la chance de travailler avec Béjart qui était très malade quand je suis partie. Il était assis sur une chaise et ne montrait jamais les mouvements. Les danseurs devaient être vraiment attentifs pour comprendre ce qu’il voulait." De quoi former la jeunesse!

À l’image de son bagage croisé, Kolarova a choisi des musiques de plusieurs origines pour son spectacle, de Beirut à un groupe tzigane, en passant par Leonard Cohen. Un extrait du spectacle sera aussi présenté à l’Atelier chorégraphique des Grands Ballets (les 29, 30 et 31 août à la Cinquième Salle de la Place des Arts).

Le 11 août à 20h et le 12 août à 16h
Au Théâtre La Chapelle