Les Zapartistes : Vie et mort du néolibéralisme
Scène

Les Zapartistes : Vie et mort du néolibéralisme

Les Zapartistes partent À la conquête du centre mou. Tournée préélectorale en forme de présomptueuse danse sur la tombe du gouvernement libéral.

L’occasion était trop belle pour Les Zapartistes, caustique bande de clowns-activistes portant la grimace à gauche. Devant le présage de la fin d’un gouvernement dont les humoristes font leurs choux gras depuis neuf ans, pourquoi ne pas esquisser, présomptueusement mais les doigts bien croisés, quelques pas de danse sur la tombe du règne libéral? Et pourquoi ne pas, chemin faisant, plonger au fond des choses et partir À la conquête du centre mou, celui-là même qui tyranniserait la vie démocratique québécoise? Définition: "Le centre mou, c’est branché sur notre moi. C’est ce qui est confortable, ce qui est rassurant. C’est le bruit du frigidaire qui démarre toutes les deux heures. C’est ce qu’on appelle la majorité silencieuse. Elle nous intéresse beaucoup, parce qu’elle finit souvent par décider pour l’ensemble", illustre Christian Vanasse, doyen zapartiste qui présidera cette mordante soirée préélectorale aux côtés de son vétéran collègue François Patenaude et des recrues Vincent Bolduc et Jean-François Nadeau. "Jacques Parizeau, que j’ai entendu cette semaine au lancement du livre de Jacques Nadeau [photographe au Devoir], disait que la récente crise étudiante a posé un choix clair entre deux visions de la vie collective: oubedon on s’occupe de tout le monde en essayant de le faire le mieux possible, oubedon c’est au plus fort la poche et on se dit: "Moi, c’est mon barbecue l’été, y fait chaud, ça pue pis on est ben", le credo du centre mou."

Quel souvenir de la presque-décennie Charest conservera pour toujours, près de son coeur, le croqueur de banquiers et de politiciens? "La plus belle chose qu’ont apportée les dernières années, c’est la mort du néolibéralisme, qui est arrivé au bout de son modèle. L’option de rechange commence à se former avec les étudiants, qui ont shaké la cabane, et les casseroles. Toutes les révolutions se sont imposées quand un nouveau paradigme est venu remplacer l’ancien. Du moment que le nouveau paradigme s’impose, le vieux disparaît et on n’en entend plus jamais parler. La même chose va se produire avec le néolibéralisme. Et pourquoi pas avec le capitalisme un coup parti!"

Bien qu’enfoncés jusqu’au cou dans la politique, Les Zapartistes se gardent bien de s’aligner du côté d’un parti, Vanasse rappelant que les élections ne représentent qu’un bloc dans l’immense jeu de Lego de la démocratie. "Le 4 septembre, ce n’est pas une échéance. On aimait beaucoup le slogan de la CLASSE qui disait: "Le 4 septembre, on s’en câlisse, on continue la lutte." Va voter, va pas voter, je m’en fous, mais fais quelque chose. Le vote, ce n’est pas tout. L’implication citoyenne est une autre chose, les choix de vie en sont une autre."

Vous ne pleurerez donc pas trop la retraite de Jean Charest, devait-elle survenir (si la tendance se maintient, doigts croisés, bis) le 4 septembre au soir? "Oh non! s’exclame Vanasse. Il ne faut pas oublier que les gouvernements vont et viennent et que le système reste. Comme le disait Einstein: "Sur l’expansion de l’univers, je ne suis pas sûr, mais la bêtise humaine, ça c’est confirmé.""