Frédérick Moreau / Bash : Une histoire de violence
Pour ouvrir sa saison, Premier Acte nous ferme d’une certaine façon ses portes. Frédérick Moreau, le metteur en scène de Bash, nous apporte quelques précisions.
Bash, c’est trois récits en forme de confessions: l’homme d’affaires épuisé, la jeune maîtresse passionnée et les fiancés mormons irréprochables. "Ce qui les lie, précise Frédérick Moreau, c’est le potentiel extrêmement violent que chacun – comme nous tous – porte en lui-même sans l’exprimer, jusqu’à ce qu’il soit poussé à bout…"
Pour nous les présenter, Frédérick Moreau a troqué les planches de Premier Acte pour un parcours dans les rues – en cas de pluie, le parapluie est de mise -, dans un désir de "faire éclater la disparité entre scène et salle". "Ainsi, chaque personnage devient cet étranger qu’on croise dans la rue. Un meurtrier en série? Il ne faut pas tomber dans la paranoïa, mais il reste qu’on ne sait pas qui on côtoie; pire, on ne sait pas ce qui se cache au plus profond de nous-mêmes."
C’est ainsi sans éclairage ni musique, en petits groupes de 25, que les spectateurs découvriront les circonstances de trois crimes: "Le mélange d’un bon thriller américain avec toutes les qualités de la tragédie antique."
La tragédie, le spectateur pourra la reconnaître dans les figures mythiques qui ont inspiré le dramaturge étatsunien Neil LaBute pour les personnages de Bash, figures toutefois transposées dans un décor et une langue qui sont les nôtres. Une envie de dégager la tragédie de sa gangue parfois poussiéreuse? "Clairement! Ce n’est même pas à mots couverts que le dit LaBute; il veut réactualiser le tragique, et il le réactualise d’une manière très habile."
Pas de lyrisme, dans Bash, mais tout ce qu’il faut de personnages plus grands que nature et de destins tragiques. Et du suspense, aussi, les récits prenant des allures de procès: "Jamais cependant un verdict ne nous est donné: toujours des pour, toujours des contre. Devant les gestes qu’ont posés les personnages, on est forcés de mettre en question nos valeurs, et de s’exposer à celles d’autrui. Une chose m’apparaissait fondamentale, c’est que ces personnages qu’on découvrira ne sont pas des monstres; au moment où ils le deviennent, ils ne sont plus intéressants, parce qu’ils ne viennent plus nous heurter, confronter ce que nous sommes."
Du 11 au 15 septembre
À Premier Acte