RC2012 Théâtre : Diversité au menu
Pour la saison automnale, les théâtres montréalais font une belle place aux jeunes créateurs, ainsi qu’aux auteurs étrangers et à des projets qui piquent la curiosité.
Théâtre de création
Quelques jeunes auteurs et metteurs en scène se hissent cet automne à l’affiche de nos théâtres. Après avoir séduit le public et la critique avec son poignant Enclos de l’éléphant (en reprise à l’Espace libre en mai 2013), Étienne Lepage voit sa nouvelle pièce Robin et Marion mise en scène par Catherine Vidal (remarquée pour son ingénieuse adaptation du Grand Cahier) au Théâtre d’Aujourd’hui. Inspirée d’une oeuvre médiévale, la pièce prend le contrepied de l’amour indéfectible avec une chasse endiablée menée par des êtres projetés sur une pente qu’ils ne contrôlent pas. Toujours au Théâtre d’Aujourd’hui, la jeune auteure Véronique Côté présente Tout ce qui tombe, créée d’abord au Trident et mise en scène par Frédéric Dubois. Six destinées s’entremêlent sur trois décennies. C’est aussi l’année de l’auteur Guillaume Corbeil, qui signe Le mécanicien, sur notre fascination pour l’horreur, présentée à la salle Jean-Claude Germain en septembre, puis Cinq visages pour Camille Brunelle, en février, à l’Espace Go. Toujours à l’Espace Go, du 2 au 27 octobre, l’auteure et traductrice Fanny Britt présente avec le Théâtre PàP Bienveillance, une comédie qui confronte ruralité et urbanité mise en scène par Claude Poissant et d’abord créée cet été à Carleton. Après avoir remixé Caligula, Marc Beaupré poursuit quant à lui son originale relecture des classiques avec Dom Juan (Uncensored), du 23 octobre au 10 novembre à La Chapelle. Le spectateur est invité à twitter avec le mythique personnage, séducteur et roi de la transgression. Du 12 au 28 septembre, la création collective mise en scène par Marie-Josée Bastien, … et autres effets secondaires, sera présentée au Prospero après avoir été créée à Québec. La pièce traite de la quête de rédemption d’un sans-abri. La Licorne propose pour sa part la pièce de théâtre documentaire d’Annabel Soutar, Grain(s), du 4 au 22 septembre, sur le conflit qui opposa un fermier canadien et la multinationale Monsanto et, du 8 au 26 octobre, à La Petite Licorne, le premier texte de Florence Longpré, Chlore, l’histoire sordide d’une fillette empoissonnée au chlore sur des mouvements inspirés des ballets de Tchaïkovski! Notons aussi la reprise de l’excellent Tout ça m’assassine réunissant les textes de Patrice Desbiens, Pierre Lefebvre et Dominic Champagne, à la Cinquième Salle de la Place des Arts, du 3 au 13 octobre.
Premières fréquentations
Certains créateurs à la longue feuille de route fréquenteront cet automne de nouvelles avenues. C’est le cas de Denis Marleau qui met en scène son premier Molière au TNM du 2 au 27 octobre. Créée cet été au Château de Grignan en Provence, l’adaptation de Marleau des Femmes savantes jouit d’une distribution de choix qui compte, entre autres, Sylvie Léonard, Christiane Pasquier, Carl Béchard et Henri Chassé. Autre nouveauté au TNM cet automne, l’auteur Michel Marc Bouchard, connu pour son théâtre ancré au Québec et dans le drame intime, aborde son premier sujet historique avec Christine, la reine-garçon, sur la reine du 17e siècle qu’on savait laide et cultivée, qui sera incarnée par Céline Bonnier dans une mise en scène de Serge Denoncourt. Autre baptême, le chanteur des Loco Locass Biz montera pour la première fois sur une scène de théâtre pour réciter La chasse-galerie, présentée au Théâtre Denise-Pelletier du 26 septembre au 26 octobre. L’adaptation de Victor-Lévy Beaulieu d’après les contes de Louis Fréchette sera mise en scène par Stéphane Bellavance.
Des solos à l’assaut
Brigitte Poupart est à l’origine d’un des projets les plus inusités de la rentrée: un cabaret inspiré des monologues de Clémence DesRochers à partir d’un personnage fictif incarné par Pascale Montpetit. La démesure d’une 32A ressuscite les textes de notre grande Clémence sur une musique composée par Ariane Moffatt. L’irrévérence, le rire et les larmes promettent d’être au rendez-vous dans cette création toute féminine, du 13 novembre au 8 décembre à l’Espace Go. L’acteur et metteur en scène Mani Soleymanlou propose quant à lui son solo autobiographique Un, du 13 novembre au 1er décembre à La Chapelle. Inspiré par son parcours d’Iranien émigré en France, puis à Toronto, Ottawa et Montréal, l’homme part en quête de ses origines et s’interroge sur la notion d’identité à travers le regard de l’autre. Le comédien Fabien Dupuis révèle pour sa part son goût caché pour l’écriture avec un premier texte, Isabelle, présenté à la salle Jean-Claude Germain du 16 octobre au 3 novembre. Ce solo mis en scène par Marc Béland donne la parole à un homme-enfant qui devient brutalement adulte.
Des étrangers parmi nous
Plusieurs pièces traduites sont au programme des théâtres cet automne, notamment à La Licorne qui en a fait sa signature. Du 17 au 28 septembre, le Théâtre du Nouvel-Ontario et le Théâtre de La Vieille 17 présentent II (deux) à La Petite Licorne, troisième texte de l’Ontarien Mansel Robinson traduit par Jean Marc Dalpé, qui partage la scène avec Elkahna Talbi. La pièce mise en scène par Geneviève Pineault aborde la peur de l’étranger à travers l’affrontement entre un policier blanc et une femme musulmane. Du 2 octobre au 10 novembre, Denis Bernard mettra en scène Ce moment-là , une pièce de l’Irlandaise Deirdre Kinahan traduite par Maryse Warda qui explore le pardon à travers une histoire familiale marquée par une faute irréparable à La Grande Licorne, alors que du 19 novembre au 14 décembre, c’est la comédie grinçante de l’auteur américain Neil LaBute, L’obsession de la beauté, traduite par David Laurin, qui sera mise en scène par Frédéric Blanchette à La Petite Licorne. Aux Écuries, du 16 octobre au 3 novembre, le Théâtre de la Pacotille s’attaque au jeune auteur autrichien d’avant-garde Ewald Palmetshofer, qu’on dit héritier de Thomas Bernhard ou d’Elfriede Jelinek, avec Hamlet est mort. Gravité zéro, mise en scène par Gaétan Paré. Dans une forme éclatée, l’auteur construit un drame familial qui s’interroge sur la responsabilité, l’immobilisme et le conflit des générations. Le Prospero fait aussi une belle place aux auteurs étrangers cette saison. Du 9 octobre au 3 novembre, le Théâtre de l’Opsis poursuit son cycle italien avec La coopérative du cochon d’Ascanio Celestini, une pièce traduite et mise en scène par Luce Pelletier qui rapporte des histoires de guerre dans la Rome de 1944. Le Théâtre de la Veillée monte quant à lui La danse de mort du grand dramaturge suédois August Strindberg, du 20 novembre au 15 décembre. Ce combat amoureux mené par un couple autodestructeur réunit l’excellent trio d’acteurs composé de Paul Ahmarani, Denis Gravereaux et Danielle Proulx dans une mise scène de Gregory Hlady. Guerre, de l’auteur suédois Lars Norén, marquera la première production du Théâtre de l’Embrasure à la salle intime du Prospero du 9 au 27 octobre. Finalement, la pièce de l’Américain Reginald Rose, Douze hommes en colère, un huis clos entre les jurés du procès d’un adolescent accusé d’avoir poignardé son père, sera mise en scène par Jacques Rossi dans une traduction de Claude Maher au Théâtre Denise-Pelletier du 14 novembre au 18 décembre.
L’automne en cirque
Pour sa neuvième saison, La TOHU y va d’une solide programmation avec, en ouverture, Raoul, cette fable poétique et théâtrale pour adultes signée James Thiérrée, petit-fils de Chaplin et enfant du cirque pour qui le langage du corps n’a aucun secret (du 4 au 13 septembre). Après avoir joué 400 fois à travers le monde, l’électrisante iD du Cirque Éloize revient à Montréal. Le spectacle intègre le hip-hop et la vidéo aux exploits circassiens (du 20 septembre au 6 octobre). La compagnie française Akoreacro débarque ensuite avec PFFFFF!, dans le chapiteau de La TOHU du 25 septembre au 6 octobre, où quatre acrobates et quatre musiciens se partagent la scène, mêlant un beat box au spectaculaire trapèze Washington (où les acrobates se balancent sur la tête). Pour ceux qui n’ont pas eu la chance de voir la magnifique Séquence 8, dernière création des 7 doigts de la main, le spectacle est repris du 30 octobre au 10 novembre. Les jeunes et talentueux acrobates sortis de l’école y brillent d’une remarquable chimie. Aussi, l’inclassable Léo, le solo produit par Circle of Eleven de Berlin, interprété par l’acteur-acrobate Tobias Wegner et mis en scène par Daniel Brière, sera enfin présenté à Montréal, à l’Espace libre du 30 octobre au 24 novembre.
Théâtre jeunesse
Les adeptes d’histoires de peur se réjouiront de la visite de Bob Théâtre cette semaine, avec l’épouvantable Nosferatu de Denis Athimon, présenté aux Écuries du 6 au 8 septembre. Après le beau succès de Princesse K l’an dernier, la compagnie française propose un théâtre d’objets pour tout public à partir de huit ans inspiré du grand folklore vampirique. À la Maison Théâtre, du 28 septembre au 7 octobre, la compagnie française La S.O.U.P.E. présente l’épopée rocambolesque Derrière la porte, dans une mise en scène d’Éric Domenicone, pour les deux à cinq ans. Puis, la pièce de Jean-Frédéric Messier, Corbeau, prendra l’affiche du 13 au 27 octobre dans une mise en scène d’André Laliberté. Cette légende familiale inspirée de la mythologie amérindienne initie les quatre à neuf ans à la transmission des valeurs à travers le parcours d’une fillette devenue grand-mère. Le Théâtre Le Clou, qui excelle en théâtre pour adolescents, présentera ensuite L’océantume, d’après le roman de Réjean Ducharme, adapté par Sylvain Scott, qui a réjoui notre critique de Québec l’an dernier. Le rêve fou d’Iode et d’Asie de descendre le littoral jusqu’à la Terre de Feu sera offert aux 11 ans et plus à la Maison Théâtre du 30 octobre au 11 novembre. L’excellente pièce du Théâtre du Gros Mécano pour jeunes de 8 à 12 ans, La libraire, écrite par Marie-Josée Bastien et traduite en plusieurs langues, terminera la saison de la Maison Théâtre. Mise en scène par Frédéric Dubois, cette fabuleuse histoire d’une libraire visitée par un fantôme sera reprise du 21 novembre au 1er décembre. Le théâtre de marionnettes L’Illusion propose quant à lui trois spectacles cet automne: Les habits neufs, librement inspiré d’un conte d’Andersen, ouvre la saison en octobre pour les deux à cinq ans, suivi par le spectacle À la belle étoile, une adaptation d’Hansel et Gretel destinée aux cinq à huit ans, puis, du 18 novembre au 20 décembre, Pain d’épice, le classique hivernal, revient charmer les petits de deux à cinq ans.