Le tour de l’île : Contre-insularité
Alors qu’est donné ces jours-ci le départ du Tour de l’île, Sylvie Dufour fait le point sur son apport à la communauté théâtrale de la région, la prochaine étape bien en tête.
Il est parfois cruel pour les créateurs de devoir se prêter au jeu des entrevues à moins d’une semaine d’un soir de première, leurs sources d’angoisse étant passées au peigne fin au fil d’un fastidieux questionnaire. La sérénité et la bonhommie de Sylvie Dufour, par contre, infirment cette tendance. Même absorbée par la frénésie des enchaînements finaux, la metteure en scène communique une passion contagieuse. "Nous abordons la dernière ligne droite et, franchement, tout va très, très bien. C’est un spectacle qui se prend bien, qui coule de source", affirme-t-elle au sujet de son dernier rejeton, Le tour de l’île.
Le spectacle, comme son titre l’énonce, provient de l’oeuvre de Félix Leclerc. "Nous avons rassemblé une quinzaine de chansons et quatre textes dénichés parmi ses écrits: un conte, un texte dramatique créé pour la radio et deux courtes pièces", relate Dufour, qui s’est entourée, pour cette aventure, du directeur musical et musicien Claude Naubert et des comédiens-chanteurs Richard Bénard, Marc-André Charette, Micheline Marin et Frédérique Thérien.
Dufour, qui dit avoir baigné dès sa jeunesse dans l’oeuvre de Félix Leclerc, s’est rendue à l’île d’Orléans pour renouer avec l’univers de l’auteur-compositeur-interprète. Elle explique: "Félix est universel. Nous n’avons pas, dans ce spectacle, à le réinventer pour qu’il nous touche et nous rejoigne." Quand Naubert et elle se sont réunis pour établir la structure du spectacle, les acolytes ont été fascinés de constater la théâtralité de l’oeuvre de Leclerc. "C’était vraiment un homme de théâtre!" s’exclame Dufour.
Les habitués du Théâtre de l’Île ne se sentiront pas dépaysés d’y retrouver, encore cette année, une présence musicale. À l’automne 2011, Mademoiselle de Paris avait fait salle comble. Sylvie Dufour évoque différentes raisons justifiant cette propension. "C’est une traite que nous nous payons quand nous amenons la musique en salle de répétition, mais c’est également une façon de permettre au public d’entendre les chanteurs extraordinaires que nous comptons parmi notre bassin d’artistes."
Dufour, qui déclare être "née, artistiquement, en Ontario", a fait ses armes au Théâtre du Nouvel-Ontario avant de prendre les rênes du Trillium, à Ottawa. C’est à ce moment qu’elle a lancé les laboratoires de mise en scène ainsi que les cartes blanches, deux initiatives qu’elle a trimbalées avec elle de l’autre côté de la rivière des Outaouais lorsqu’elle s’est installée à la tête du Théâtre de l’Île. "Ce qui me rend le plus fière, c’est d’avoir maintenu ces structures qui offrent aux jeunes une chance que j’aurais voulu qu’on me donne en tant que jeune créatrice."
Interrogée sur ses projets, Dufour évoque l’ancienne caserne de la rue Leduc, qu’elle espère transformer en centre de création où les artistes, locaux comme étrangers, pourraient collaborer. "Les nouveaux artistes me bousculent et rendent les choses dynamiques. Ce lieu nous permettra de cohabiter."
Au Théâtre de l’Île
Du 12 septembre au 13 octobre