Les Denis Drolet : Tout le monde veut comme tout le monde
Les Denis Drolet ont décidé d’épouser la vie normale et affichent une sensibilité inespérée. Vont-ils réussir à demeurer dans le rang? On en doute fort.
Lorsqu’on observe ces deux inséparables excentriques, on se demande bien comment ils pourraient fonctionner dans la vie courante. Comment ces deux Denis, l’un aux prises avec des délires exubérants et l’autre soupe au lait (et surtout sans inhibitions), seraient-ils capables de cultiver un cercle social, d’avoir une blonde et une famille? C’est à partir de cette réflexion que Vincent Léonard et Sébastien Dubé (le barbu) ont amorcé leur projet d’écriture et conclu l’exercice avec leur plus récent spectacle intitulé Comme du monde.
"Les Denis Drolet sont deux carencés affectifs qui n’ont presque aucun point de repère dans la vie, nous explique Vincent. Ce spectacle les propulse dans une série de clichés qui caractérisent la vie normale: avoir une maison neuve, du beau linge, une bonne job et des enfants. Les Denis ont décidé d’attraper ce concept au vol et d’en faire quelque chose, très maladroitement." "Ce sont les Denis dans la normalité, ajoute Sébastien Dubé. Ils essaient de se ranger. Pour nous, c’est une façon de rire d’un style de vie qu’on connaît bien, plus que d’y jeter un oeil critique."
Après avoir tâté le terrain avec le spectacle En construction (qui réunissait de nouveaux sketchs et d’autres plus anciens), le duo (accompagné de l’inimitable Just-to-Buy My-Love) a trouvé un metteur en scène de prédilection pour relever encore plus son niveau d’interprétation, qu’il peaufine depuis maintenant 12 ans. C’est le comédien Pierre-François Legendre (Québec-Montréal, Les invincibles) qui s’est retrouvé au gouvernail du monde absurde des Denis Drolet. "On l’avait rencontré lors d’un show télévisé, se rappelle Sébastien. On l’adorait déjà comme comédien et on voulait travailler avec un gars de notre génération. Pierre-François, il nous fait rire et c’est un gars de théâtre. Il comprenait notre démarche, alors c’était parfait."
Autant inspirés par le monde du théâtre et d’Eugène Ionesco que par celui de Claude Meunier et des Monty Python, les deux humoristes livrent une performance très physique sur scène; leurs répliques sortent en rafales avec des ruptures de rythme étourdissantes. "Je crois que c’est pour ça qu’on peut se permettre de dire des énormités qui peuvent parfois écorcher, avoue Sébastien. Si Mike Ward en dit une, il sera étiqueté personnellement. Ça ne nous arrivera pas. On crée des malaises, mais les propos controversés qu’on tient surviennent à un moment inattendu et c’est hors contexte. Le meilleur filtre, c’est l’absurde."
Malgré la bravade qu’ils revendiquent sur scène, ces deux personnages plongés dans ce nouveau décor "normal" affichent une solitude presque désespérée. "Avec les Denis, c’est la solitude totale. Et ils en sont conscients! souligne Vincent. Ils essaient parfois de se convaincre du contraire, alors ils plongent dans l’imaginaire. Par exemple, ils vont se mettre à nommer des gens qui auraient pu être des amis, pour ensuite avouer qu’ils ont tout inventé et qu’ils n’en ont pas. Mais ils ne sont pas malheureux! Ils sont seulement à la recherche d’un moyen quelconque qui pourrait les sortir de cette situation. Et bien sûr, lorsqu’ils font cette recherche, ben c’est n’importe quoi!"
"Très souvent, les gens vont penser à Paul et Paul en nous voyant, alors qu’on a été plus inspirés par la sensibilité de Ding et Dong, indique Sébastien. Ce duo était capable de composer avec des situations pathétiques, et c’est une sensibilité qu’on partage."
Le 26 septembre
À la Salle Odyssée