Louis Robitaille / Les Ballets Jazz de Montréal : Un quarantième rugissant
Louis Robitaille a concocté un programme stimulant pour le 40e anniversaire de BJM – Les Ballets Jazz de Montréal – avec trois jeunes chorégraphes qui brûlent les planches de la scène internationale.
"Le succès est notre seule option", lance Louis Robitaille pour expliquer ses choix de répertoires accessibles aux néophytes et aussi séduisants pour un certain nombre d’aficionados. Directeur artistique de BJM depuis 1998, l’ex-danseur classique a réussi à actualiser l’image de la compagnie en passant d’un style énergique mais désuet à des oeuvres contemporaines enlevées où virtuosité rime avec fusion des styles, dynamisme et légèreté.
La soirée programmée par Danse Danse s’ouvre pourtant sur une proposition que certains trouveront exigeante: la gestuelle du Catalan Cayetano Soto, qui avait déjà offert un duo à BJM, y fait écho à la musique stridente d’une composition contemporaine pour évoquer le rythme trépidant des sociétés modernes. "On nous qualifie souvent de feel-good company, lumineuse, chaleureuse, et je respecte cet héritage, mais cette oeuvre audacieuse est une façon de nous inscrire dans le présent et dans l’avenir, argumente Robitaille. Cayetano a une signature unique. Fuel n’est certainement pas reposante pour l’oreille, mais elle est surprenante et efficace." Elle est livrée par neuf danseurs.
Vient ensuite Closer, très doux et sensuel, sur une musique de Philip Glass. Mieux médiatisé par sa participation au film Black Swan et ses amours avec une actrice que par son jubilatoire Casse-Noisette ou son solo pour Mikhail Baryshnikov, le Français Benjamin Millepied avait créé ce duo en 2006 avec sa compatriote Céline Cassone. Membre de BJM depuis cinq ans, elle le reprend ici avec Alexander Hill. "C’est une chorégraphie très actuelle, élégante et raffinée, basée sur les fondements de la danse classique, souligne Robitaille. Elle représente un défi d’exécution et d’endurance et demande une grande maturité de la part des interprètes."
À ces deux oeuvres de courte durée succède Harry, où les 13 danseurs de la compagnie nous font découvrir Barak Marshall, chorégraphe israélo-étasunien en résidence à la célèbre Batsheva Dance Company, dans une création humoristique et théâtrale sur le thème des conflits. "Le travail de la parole a été un défi intéressant pour nous", commente Robitaille qui place le chorégraphe dans la lignée de Pina Bausch et s’amuse du clin d’oeil à l’histoire de BJM dans certains morceaux d’une bande sonore très hétérogène.
Fuel, Closer et Harry
Du 27 au 29 septembre
Au Théâtre Maisonneuve