Sugar Sammy : Bon coup, bad coup
Scène

Sugar Sammy : Bon coup, bad coup

En marge de son controversé spectacle You’re gonna rire et d’une carrière anglophone, le Montréalais Sugar Sammy sort de la métropole et découvre le Québec de Fred Pellerin.

Sugar Sammy a l’arrogance adorable. Du haut de la scène, il égratigne le public avec ce don de l’improvisation et un sens de la répartie qui ont fait de lui un comique de calibre international, foulant les scènes des grandes capitales du monde, assurant même parfois la première partie de ses idoles.

Mais voilà le prodige de Côte-des-Neiges qui se tourne vers le Québec hors 514. Après avoir monté un spectacle bilingue (You’re gonna rire) témoignant du quotidien linguistiquement dysfonctionnel de nombreux habitants de la métropole, Sammy rejoint la route de ses confrères dont il s’est déjà moqué sur scène. "C’est sûr, quand je m’envole pour les États-Unis, je rêve d’aller me produire à Matane, ou La Tuque… Est-ce qu’ils ont l’électricité à La Tuque?" a-t-il déjà dit lors d’un gala Juste pour rire.

On devrait donc déduire que la carrière internationale de Sammy s’en va à vau-l’eau? "Non non, rigole-t-il. Ça faisait longtemps que je voulais faire un show en français, et ça me permet de rester près de chez moi pendant un bon moment. On rit, mais passer sa vie dans les avions, ça devient épuisant. Comme tu peux voir, par contre, je suis encore un peu frileux, je ne vais pas trop loin non plus…"

Il faut dire que Sammy a lui-même miné le terrain, se moquant des régions du Québec et de leurs habitants, décrivant par exemple Sherbrooke comme "une super belle place pour arrêter mettre du gaz". "Il m’est revenu au visage, ce gag-là, dit-il. Avant deux de mes entrevues à la radio là-bas, à deux postes différents, ils l’ont fait jouer. Sans farce, je me rends compte que je ne connaissais pas le Québec. Je le découvre. Je savais même pas que ça existait, Louiseville. Et puis à Shawinigan, on m’a fait découvrir Fred Pellerin. Là, je reviens à Montréal et je demande à mes amis francophones: "Comment ça que vous m’avez jamais parlé de ce gars-là? Il est génial!""

Amateur d’humour limite, nourri aux mamelles des stand-ups américains, éveillé au genre par le très caustique Delirious d’Eddie Murphy, Sugar Sammy voit dans l’actuelle situation politique au Québec une source de gags plus qu’une source d’inquiétude. "Comme je fais partie de cette communauté [d’immigrants et d’anglos] qui manifeste son inquiétude, je m’en moque un peu." Et pour lui, cet humour sert de lubrifiant social, de lien entre les communautés. Même les événements du Métropolis sont déjà entrés dans son répertoire. "L’important quand tu fais des blagues avec un événement aussi tragique, c’est que ce soit drôle. Là, avec ce qui s’est passé le soir de l’élection, je dis au public: "Vous voyez maintenant pourquoi je ne fais jamais de jokes sur les Anglais."" Et Sammy de pouffer de son propre gag, avec le rire du garnement qui sait qu’il fait là d’une pierre deux coups. Un bon et un mauvais.

Le 2 octobre
À la Salle Albert-Rousseau