Benoît Lachambre / Snakeskins, faux solo : Sois, vis et deviens
Benoît Lachambre raffine l’écoute des bruissements de son anatomie dans une étude sur le thème de la transformation et de la mue intitulée Snakeskins, faux solo.
Tandis que la science s’évertue à percer les mystères du corps humain, Benoît Lachambre s’emploie à les sonder en aiguisant ses sens et sa conscience de ce qui bouge en dedans. Sa danse est surtout un voyage intérieur, physiologique et énergétique, dont les manifestations extérieures ne se laissent pas facilement apprivoiser. Mais quand la connexion se fait, et c’est plutôt par le corps que ça passe, l’expérience est jouissive.
"Pour Snakeskins, je suis parti de l’image kinesthésique du serpent d’eau que j’utilise dans mes ateliers pédagogiques, explique le chorégraphe. C’est une ondulation de la colonne vertébrale qui permet un relâchement. Je joue beaucoup avec l’énergie, je travaille avec les espaces autour de la colonne, avec les fluides, avec les perceptions de mon environnement… Ça produit des images très claires."
Superhéros version SM, itinérant agressif et violent, majestueux oiseau, serpent à plumes de la mythologie maya… Évoluant dans une scénographie qui architecture l’espace et le charge de toute une symbolique, Lachambre se livre à l’exercice délicat des transformations répétées, creusant les profondeurs de l’invisible à mesure qu’il ôte une couche de costume.
"J’utilise certains modes de suspension qui permettent notamment au fluide céphalorachidien d’être toujours en mouvement, ce qui réveille différentes mémoires physiques, animales ou plus spirituelles. Je cherche une transformation dans le devenir. Les points de fuite qu’on trouve dans la scénographie font notamment référence au devenir, à la réalisation d’une identité, à la prémonition, à des choses comme ça."
Lachambre tient à garder le mystère sur la nature des relations qu’il entretient sur scène avec le performeur Daniele Albanese et le compositeur Hahn Rowe, vieux complice qui pourrait jouer de la guitare, du violon, de l’harmonica ou d’un autre instrument. Car dans cette oeuvre, les interprètes disposent d’une certaine marge de liberté pour pouvoir suivre le flot du moment.
"C’est un travail très organique que j’aime énormément vivre et faire, assure le fondateur de la compagnie Par B.L.eux. Mais il y a quand même des moments difficiles qui génèrent un certain stress: celui de la peur du changement qu’il faut laisser aller. Car il faut bien mourir à quelque chose pour devenir."
Snakeskins
Du 10 au 12 octobre
À l’Usine C