Maxime Robin / Viande : Promenons-nous (dans les bois)
Maxime Robin et la compagnie La Vierge folle préparent à Premier Acte un huis clos en forme de suspense: Viande, ou quand du quotidien surgit l’horreur.
Un homme et une femme se rencontrent dans un bar, se plaisent, puis décident de passer la nuit ensemble. "On les voit au moment où ils rentrent chez elle, et on assiste à un jeu de séduction, à une fuite", complète l’auteur et metteur en scène Maxime Robin. "Entre sexe et amour, cachotteries, et autres jeux, ils ont du mal à s’entendre. Et finalement ils s’ouvrent. Sauf qu’au moment où ça arrive, il est déjà trop tard et la réalité les rattrape."
La proposition de départ est simple. Tout ce qui fait le sel de Viande, Maxime Robin semble toutefois le garder pour lui. L’auteur derrière Iphigénie en auto, qui y explorait la tragédie, bascule cette fois dans un suspense qui réserve des surprises. "On voulait de l’horreur! Et s’adresser non pas qu’à la tête des spectateurs, mais à leurs sens; on voulait que certains aient la chair de poule, que d’autres soient dégoûtés ou qu’ils aient mal au ventre."
La commande qu’il a passée à ses comédiens est à l’avenant, bien sûr, de ce désir de déstabiliser. "Je leur ai demandé d’être très chauds, comme des animaux, d’avoir la respiration haletante, mais de se montrer aussi très en contrôle, baveux, comme si tout ne leur faisait rien alors qu’ils ont beaucoup de peine. Ils sont hargneux, vindicatifs, fielleux."
Inspirés d’une version rude du Petit chaperon rouge, les personnages s’avanceront dans un piège d’une cruauté qui tranche avec la désinvolture bon-enfant du jeune dramaturge. "Le ton est assez dramatique. Il y a des moments où on rit, mais ça n’en fait pas une comédie; ce n’est vraiment pas léger, c’est un texte dur. Je ne sais pas d’où ça vient; dans la vie, je ris tout le temps, je suis blond blanc, j’ai l’air d’un enfant… J’ignore pourquoi j’écris des trucs comme ça."
Entre ce qu’on voit des personnages et ce qu’on ne voit pas, finalement, il reviendra au spectateur de composer son propre récit. "On ne sait jamais si ce qui est dit est vrai, donc s’il faut s’attendre au pire ou pas. Les gestes et les mots n’ont rien à voir. Le texte, c’est la pointe de l’iceberg de ce spectacle-là: tout est en dessous de l’eau."
Du 23 octobre au 10 novembre
À Premier Acte