Jean-Marie Papapietro / Et c'est ainsi qu'Allah est grand! : Le monde selon Alexandre Vialatte
Scène

Jean-Marie Papapietro / Et c’est ainsi qu’Allah est grand! : Le monde selon Alexandre Vialatte

Le chroniqueur français Alexandre Vialatte, réputé pour son humour au second degré et son esprit libre, nous parvient avec Et c’est ainsi qu’Allah est grand!, une adaptation de Jean-Marie Papapietro interprétée par Gaétan Nadeau.

"L’homme n’est que poussière… c’est dire l’importance du plumeau!" Les boutades du chroniqueur sont célèbres, mais personne ne les avait encore adaptées au théâtre. Le metteur en scène Jean-Marie Papapietro, qui a découvert Vialatte en travaillant sur une adaptation du Château de Kafka (l’auteur fut le premier à traduire toute l’oeuvre de l’écrivain tchèque en français), aime amener au théâtre des textes qui n’y sont pas destinés, et surtout, diriger des comédiens dans cette aventure. "Pour moi, l’essentiel du théâtre est le travail sur la parole en train de se faire, explique-t-il. J’aime partir d’un texte qui n’est pas nécessairement théâtral et cheminer avec le comédien qui doit se rendre maître du texte, l’intérioriser pour le recréer." Il a dirigé, entre autres, Paul Savoie dans La promenade de Walser, Sophie Clément dans Histoire de Marie, le photographe Brassaï, et Roch Aubert dans Premier amour de Beckett (à la Salle Fred-Barry, jusqu’au 3 novembre).

Cette fois, c’est Gaétan Nadeau qui donnera vie aux Chroniques de La Montagne de l’écrivain lucide et visionnaire, selon le metteur en scène, qui a choisi pour titre du spectacle une expression de Vialatte qui témoigne de son esprit à la fois moqueur et résigné. "Il était très influencé par Nietzsche et l’idée de l’éternel retour et d’une histoire de l’humanité qui s’inscrit dans un cycle, mais son grand maître était La Fontaine. Il s’intéressait beaucoup au monde animal et avait une érudition formidable. Il lisait aussi beaucoup la littérature populaire (almanachs, catalogues). Il puisait un peu partout et ça lui permettait de faire des rapprochements étonnants, un peu surréalistes."

Amélie Nothomb dit qu’avec Vialatte, "la vie cesse d’être un problème". On ne s’étonne pas que chez nous, Pierre Foglia et Gilles Archambault se soient pris d’affection pour l’écrivain d’une grande humanité qui, pendant 20 ans, commenta l’actualité librement et vit sa chronique suspendue durant la guerre d’Algérie, ayant pris des positions antigaullistes. "Vialatte était anarchiste et conservateur en même temps. Il prenait toujours une distance par rapport aux événements et se référait souvent à l’histoire. Son humour témoignait d’une acceptation de la faiblesse de l’homme." Dans ce pot-pourri, accompagné de dessins animés, qui puise dans les chroniques et la correspondance de l’auteur, il sera question d’animaux, de cuisine, mais aussi du conflit des générations, de Mai 68, et "ce n’est pas sans rapport avec ce qui s’est passé au Québec au printemps dernier", rappelle Papapietro.

Du 6 au 24 novembre
À la Salle intime du Théâtre Prospero