ABC Démolition : Histoire de village
Une semaine avant la première d’ABC Démolition, le Théâtre de la Vieille 17 est en mode création pour une pièce empreinte d’urgence, selon les metteurs en scène Esther Beauchemin et Roch Castonguay.
Esther Beauchemin, directrice artistique du Théâtre de la Vieille 17, relate avec exaltation les évènements qui ont conduit ABC Démolition à se retrouver dans la programmation 2012-2013 de la compagnie. "Michel Ouellette est venu me voir et s’est adressé à moi avec une telle urgence dans la voix! Il m’a dit qu’il travaillait sur un texte depuis quelques années et qu’il ressentait le besoin que ce texte soit incarné", décrit-elle. Celle qui conçoit la compagnie qu’elle dirige comme un "espace de prise de parole" a perçu la ferveur de Ouellette comme un désir de communiquer. Elle ajoute: "Le Théâtre de la Vieille 17 a la réputation d’être engagé. Ce n’est pas cette oeuvre qui fait exception."
Charmée par la fièvre de l’auteur (dont une autre oeuvre, Frères d’hiver, a pris vie à La Nouvelle Scène il y a tout juste un an, gracieuseté du Théâtre la Catapulte), Beauchemin a décidé de sauter à pieds joints dans le projet. Du même geste, elle s’est entourée de Roch Castonguay, avec qui elle partage la mise en scène. Si, avant ABC Démolition, d’autres pièces ont bénéficié de l’expertise conjointe de Beauchemin et de Castonguay, il s’agit ici, pour les deux artistes, d’une première expérience de mise en scène. "Ça nous fout la trouille!" lance Castonguay. "Je n’aurais pas osé m’aventurer seule", admet Beauchemin, instantanément appuyée par son collègue.
À écouter les créateurs interagir en entrevue, nul doute que la chimie opère. Interrogés au sujet de l’état des répétitions, Castonguay s’exclame: "Ça va à moitié bien! Sa moitié à elle, par contre…" Beauchemin le relance et ils se permettent un éclat de rire commun avant de réfléchir plus sérieusement à la situation. "Lorsque nous avons entamé les répétitions, nous avons incité les interprètes à nous faire signe s’ils remarquaient des contradictions ou des ambiguïtés dans nos notes et nos commentaires. De notre côté, nous discutons de la meilleure avenue à emprunter", indique Beauchemin.
La pièce se déroule à Timberfalls, un village sur le déclin dans le nord de l’Ontario imaginé par Ouellette et bien ancré dans sa mythologie. L’usine est fermée depuis quelque temps et l’école vit ses derniers instants. Vêtue d’une ceinture de dynamite, une enseignante (Annick Léger) se barricade à l’intérieur de l’établissement. La rejoindra un travailleur chargé de détruire l’édifice (Paul Rainville), un homme qui partage avec son interlocutrice de douloureux souvenirs. Beauchemin et Castonguay se considèrent privilégiés de travailler avec des interprètes si talentueux. "Ce sont des gens de métier, des gens d’une grande profondeur", insiste Beauchemin.
La pièce, qui débute dans l’affolement, divulgue au compte-gouttes les évènements qui unissent les deux personnages. Castonguay explique: "L’histoire qui associe ces individus s’est soldée dans un paroxysme de violence. Nous jouons beaucoup avec la juxtaposition pour souligner comment les deux époques sont reliées."
"Quand j’ai lu le texte, je ne savais pas qu’il avait été écrit par Michel Ouellette. Il m’a beaucoup charmé, moi qui suis un grand amateur de mots croisés", déclare Castonguay. En effet, Ouellette a multiplié les jeux de mots, ce qui a représenté un défi de taille quand s’est imposé le besoin de traduire le texte. "Afin d’inclure le public anglophone, nous offrons des surtitres les 15 et 22 novembre. Or, dans la pièce, après avoir fait une faute dans le mot hirondelle, un personnage se souvient des deux "l", car deux ailes sont nécessaires pour voler. Nous avons préservé plusieurs termes en français pour rester fidèles à l’essence du texte de Ouellette", précise Beauchemin.
Du 14 au 24 novembre
Au Théâtre de la Vieille 17