Charmaine LeBlanc / Terminus : Autant en emporte le temps
La créatrice multidisciplinaire Charmaine LeBlanc rassemble une splendide brochette d’artistes chevronnés dans Terminus pour célébrer la vie et les transformations nécessaires. Une oeuvre de fin de cycle qui rend aussi hommage au danseur Ken Roy, décédé en janvier.
Après avoir vu Quarantaine et Quarantaine 4×4, on ne doute pas de la qualité et de la force du nouveau spectacle de Charmaine LeBlanc. Réunissant la plupart des femmes de la première pièce et des hommes de la seconde, elle clôt sa trilogie avec Terminus, qu’elle estime être la plus intime et la plus dansée des trois oeuvres. On y retrouve les confidences très personnelles des interprètes en scène et les multiples facettes de leurs personnalités déployées à travers les fascinantes oeuvres de l’illustrateur Pol Turgeon, de la cinéaste Marlene Millar et de la maquilleuse Eleni Uranis.
"Le processus de création a encore commencé avec une centaine de questions que j’ai posées aux artistes en explorant des thèmes comme l’amour, le courage, la résilience, la transparence, l’abandon, le contrôle ou l’état de grâce, commente LeBlanc. Ensuite, je leur ai demandé de choisir une chose qu’ils voulaient partager, quelque chose d’important qu’ils souhaitaient transformer. Ça a été le travail le plus difficile."
Monstruosité cachée, difficulté d’être ou d’aimer, rapport au genre, à la perte, au chaos ambiant… Jane Mappin, Mathilde Monnard, Carol Prieur, Marc Béland et Benoît Lachambre ont pris le risque de la mise à nu. Marc Daigle, qui n’avait pas de sujet à creuser, joue quant à lui le rôle de porte-parole de la pensée des autres. On le voit peu, mais on l’entend dialoguer avec la voix de Ken Roy sur les thèmes abordés.
"Ken souhaitait qu’on l’intègre et j’ai travaillé avec lui jusqu’à deux semaines avant sa mort, confie la créatrice. On parle peu de la mort en Amérique du Nord, alors qu’on la célèbre dans des pays comme le Mexique… Au fond, ce projet-là est une méditation sur la vie et une énorme célébration de la vie. Ça se traduit notamment dans l’enveloppe visuelle où l’on voit beaucoup de nature, on voit les interconnexions avec le corps et on montre à quel point on est semblables. Ça parle des saisons, du temps qui passe et de nous qui vieillissons et qui partons. Dans Terminus, les gens laissent une partie d’eux-mêmes pour aller de l’avant, plus légers. C’est un lieu d’accomplissement et c’est rigolo que ça se fasse dans un ancien terminus ferroviaire où l’on réparait les trains. Ça ajoute beaucoup à la poésie du show et ça reflète bien son âme."
Du 14 au 24 novembre
Aux Ateliers Jean-Brillant