Le vaisseau fantôme : Une femme dirige Wagner
Il y a près de 20 ans que Le vaisseau fantôme de Wagner n’a pas accosté à l’Opéra de Montréal. L’honneur de sa direction revient à la jeune Keri-Lynn Wilson.
C’est la jeune chef canadienne Keri-Lynn Wilson qui sera devant l’Orchestre Métropolitain pour le retour à l’Opéra de Montréal de Richard Wagner. Le vaisseau fantôme (1843), premier chef-d’oeuvre du maître du romantisme allemand, suit la course fantastique d’une créature entre le ciel et l’enfer, qui cherche une rédemption rencontrée dans l’amour absolu d’une femme. Après avoir joué de plusieurs instruments, Wilson ne se destinait pas spécialement à la direction d’orchestre, mais l’appel de la baguette s’est finalement fait entendre: "J’ai eu une enfance assez intense musicalement, confie-t-elle. Mon père a aussi été chef d’orchestre."
Depuis, Wilson a dirigé les plus grands orchestres dans le monde. On la voit de plus en plus souvent dans la fosse, pour Tosca, Madame Butterfly ou La bohème à Vienne, Rome ou Moscou. L’opéra serait-il devenu sa spécialité? "Oh non, pas du tout! rétorque-t-elle. J’insiste pour conserver un équilibre, parce que le répertoire symphonique demeure le coeur du métier de chef. Cependant, l’opéra nous donne l’occasion de développer une souplesse dans notre relation aux solistes, ça nous apprend à respirer, à écouter. Et maintenant que j’ai fait beaucoup de répertoire italien, russe et français, j’aborde plus facilement Wagner." Plaçant le grand compositeur romantique en lien direct avec Beethoven et en phase avec ses contemporains Brahms et Verdi, la chef admire surtout chez Wagner la parfaite adéquation entre les lignes vocales et instrumentales. "Puccini est beaucoup plus difficile à diriger, commente-t-elle, mais la musique de Wagner comporte ses propres défis et exige un développement dans la continuité."
Le vaisseau fantôme est généralement présenté d’un trait, sans entracte, mais l’Opéra de Montréal a choisi d’en intégrer un après le premier acte. Est-ce que ça ne risque pas de briser la continuité de l’oeuvre? "Non, je crois que ça pourra surprendre les habitués de Bayreuth, mais pour le public en général, ça me semble tout à fait naturel." Les premiers rôles sont tous interprétés par des chanteurs allemands, ce qui réjouit la chef. "On n’a pas besoin de les reprendre sur le texte! Et puis ils le connaissent, alors on part avec une longueur d’avance." Wagner compte maintenant parmi les compositeurs préférés de Keri-Lynn Wilson. "Je me lancerais dans le Ring demain matin!" Commençons pour le moment par ramener ce vaisseau à bon port.
Les 10, 13, 15 et 17 novembre
À la Salle Wilfrid-Pelletier