Les chaises : Pour qui sonne le glas
Dans Les chaises, d’Eugène Ionesco, un couple isolé ressasse son passé. Réjean Vallée incarne un vieillard un peu déçu, couvant quelques regrets, alors que Nancy Bernier donne vie à sa conjointe acariâtre et acerbe, cabotine à souhait. Les appels au rire peuvent agacer au départ, mais le tout se place avec l’histoire qui se déploie: l’homme a une nouvelle importante à révéler au monde… Une cérémonie grandiose se prépare, des chaises pour seuls invités. Les lignes absurdes, décalées, sont bien sûr légion; le texte lui-même ne marque ici toutefois pas autant que le décor, ouvert sur les murs de la Bordée en une espèce de hangar, de débarras qui se présente en sorte d’antichambre de la mort; le couple reste là, esseulé, au milieu de chaises comme autant de meubles désuets, des reliques qui au mieux constituent des souvenirs, une maigre consolation devant la fin annoncée. Jusqu’au 1er décembre, à la Bordée.