Rick Miller / Bigger Than Jesus : Christ est ressuscité
Trop cool, la messe! En fait, cela est surtout vrai quand l’officiant qui s’amène sur les planches du Périscope se nomme Rick Miller, et que le service a pour titre Bigger Than Jesus.
Rick Miller est un inclassable homme de scène. Comédien vu entre autres dans Lipsynch de Robert Lepage et humoriste à Juste pour rire (cf. YouTube), il traîne également depuis 17 ans le spectacle MacHomer, Macbeth à la sauce Simpsons où il incarne tous les personnages et laisse s’exprimer une folie hors du commun. Et lorsqu’il trouve un peu de temps, il aime bien présenter Bigger Than Jesus où il peut, en français ou en anglais, en italien ou en allemand.
Cette pièce autour de la vie du Christ, présentée au Carrefour international de théâtre en 2007, Miller l’a décrite à ses débuts comme une "messe multimédia". Puis, au fil des années, il a préféré parler de "portrait cubiste de Jésus". Une chose demeure toutefois inchangée, c’est que l’homme aux multiples talents se garde toujours de réserver son spectacle aux pratiquants. "C’est une histoire qui est très attirante, séductrice. Et oui, c’est religieux, mais pas dans le sens où un prêtre veut que tu croies en Jésus. Moi, je prends le mot "religion" dans son sens latin, religio, ou religare, c’est-à-dire relier le monde, et c’est ce qu’on fait, au théâtre comme à l’église."
Dans le contexte d’une société comme la nôtre, généralement méfiante à l’égard du fait religieux, on s’interroge pourtant: la vie du Christ était-elle le meilleur moyen de "communier"? "Oui, ce choix peut poser problème parce que, surtout au Québec, comparé au reste du Canada, la messe a été comme… disons… violemment rejetée? Alors oui, il faut essayer de franchir cet obstacle."
Pour ce faire, on le verra jouer dans le sable avec des figurines de John Lennon et Luke Skywalker, ou alors personnifier un prédicateur et un juif new-yorkais, ou encore le Christ lui-même.
Si la prestation en appelle à l’humour autant qu’à l’intelligence et à la sensibilité, il y a fort à parier que son côté décalé risque d’emporter l’adhésion du public de Québec. "C’est une pièce révérencieuse, mais aussi très irrévérencieuse, et c’est ça qui plaît à beaucoup de Québécois, notamment le côté où j’incarne des personnages très "flyés", qui prennent des libertés. On s’amuse, et c’est dans ce jeu et dans cette joie, pour moi, que se retrouve l’esprit sain: dans l’interaction et le rire, dans le partage et le rituel. Toutes des choses qu’ont en commun le théâtre et la religion."
"On a des mythes, des valeurs universelles comme "aimez-vous les uns les autres", qui devraient toujours avoir une puissance, conclut Miller. Il y a encore beaucoup à retirer de cette histoire très humaine, celle d’un juif crucifié dans un temps sociopolitique très complexe et qui a eu tellement d’influence dans le monde, dans notre littérature, dans notre culture, dans la culture québécoise; ça fait partie de notre ADN culturel… pourquoi ne pas explorer ça plus profondément?"
À coup sûr, cela se fera dans la joie. Amen.
Du 27 novembre au 8 décembre
Au Périscope