Les Zurbains / Michel Ouellette : Corps et âme
Cette année marque le 15e anniversaire des Zurbains, cette série de contes par et pour les adolescents qui n’ont toutefois rien de juvénile.
Monstre, de Marion Chassé, avec son narrateur qui relate la première fois où sa mère lui a donné de la drogue. Alors qu’il avait cinq ans. Puis sa dépendance, qui l’amène à enfiler les jobs de merde, notamment chez «Wal-Marde».
Puis, Complicité, de Christophe Hamel, dépeint l’histoire d’un enseignant un peu perdu, parfois dans les nuages, qui réalise que des choses pas catholiques se trament dans son école. Un trafic d’oranges.
Aussi, Eva Vandervort Charbonneau, avec son Parapluie, va créer une créature étrange.
Ces contes, ils sont issus de l’imagination d’ados sur le point d’entrer dans la vie adulte. Telle était la prémisse pour Les Zurbains, spectacle instigué par Yvan Bienvenue puis repris par Le Clou, et qui célèbre son 15e anniversaire sur les planches cet automne. Respectivement, ces auteurs en herbe sont originaires de Montréal (Collège de Montréal pour Chassé et Vandervort Charbonneau) et de Québec (Polyvalente de L’Ancienne-Lorette pour Hamel).
À ces jeunes vient s’ajouter Thomas Ginter, étudiant au Collège Nouvelles Frontières de Gatineau. Le jeune homme signe Clean, le quatrième conte étudiant présenté dans cette mouture festive (qui se termine avec Mon printemps, de l’auteur Martin Faucher).
Proposition dérangeante
À propos de ce dernier texte et de son auteur, le dramaturge franco-ontarien Michel Ouellette (la récente ABC Démolition de la Vieille 17, Frères d’hiver présentée la saison dernière au Théâtre de la Catapulte) affirme: «Il nous est arrivé avec une histoire assez effrayante. Il y avait une dimension de nettoyage ethnique qui nous a fait peur initialement. On trouvait par contre qu’il y avait une recherche, un travail sur la langue très intéressant. On a voulu rencontrer ce jeune homme au week-end de création. On s’est vite rendu compte que Thomas n’était pas celui qu’on s’était imaginé. C’était intéressant de voir qu’on a beau donner la parole à un personnage, on n’est pas nécessairement ce personnage-là.»
Clean, la proposition dramaturgique en question, trace le portrait d’un jeune qui se joint à une certaine résistance, alors que son monde est sous le joug des fascistes. «Il y avait beaucoup de travail à faire pour préciser son propos. Il nous amène dans un futur pas si lointain; il y a une critique de la société derrière ça. Il a fallu penser à la cohérence du monde qu’il avait créé.»
Dans une langue par moments inventée – «cette façon de créer de nouveaux mots, parfois à partir d’autres langues, l’allemand je crois, entre autres, était vraiment intéressante», ajoute Ouellette –, le jeune auteur nous amène au cœur d’un conflit éthique qui dépasse bien des gens, ados ou pas.
«Clean, c’est l’histoire d’un jeune qui veut rester propre. Propre dans ses valeurs. Il réalise, peut-être trop tard, que le chemin qu’il a emprunté n’est pas le chemin de la pureté, mais tout le contraire en fait.»
Ouellette en est à sa cinquième participation aux Zurbains et il a été guide auprès d’autres plumes en devenir. Il conclut en affirmant que l’avenir de Ginter en tant qu’écrivain réside entièrement dans ses mains. «Pour Thomas, je ne sais pas ce qui va arriver. Mais je crois qu’il pourrait poursuivre l’aventure de la création littéraire. Cette responsabilité repose sur lui; c’est à lui maintenant de faire les démarches.»