Contes urbains : Messes basses
Scène

Contes urbains : Messes basses

Comme le veut désormais la tradition moderne, les Contes urbains se présentent sur notre table de l’avent pour une 17e édition à l’occasion des 20 ans du Théâtre Urbi et Orbi. Un chapelet de contes qui s’additionnent sans se conjuguer vraiment.

Depuis 17 hivers, le spectacle commence avec des musiciens (Charles Papasoff, Éric Asswad) sur scène. Comme toujours, se succèdent sur scène des comédiens-conteurs qui font fi du quatrième mur et dessinent des histoires urbaines de Noël, ancrées dans une oralité contemporaine. Mais à la différence des précédentes, cette édition ne met pas à contribution des couples auteur-acteur qui fignolent ensemble le collier de contes. Cette fois, les textes sont tous signés par le grand manitou du Théâtre Urbi et Orbi, Yvan Bienvenue.

Au micro et à la guitare électrique, Harry Standjofski présente d’emblée les 7 personnages de 7 à 77 ans d’une même famille qui prennent place dans une fourgonnette, en route vers la messe de minuit. Chacun d’eux va revivre le Noël de ses 7 ans. En résulte un chapelet de contes qui se déploient à différentes époques dans l’univers des Tout-Le-Monde-Machin-Untel-Chose. L’auteur recule jusqu’en 1941 et nous transporte, avec grande maîtrise, dans le Montréal des années 50, 60, 70, 80 et 2000. Au passage, il critique les travers de trois générations de Québécois et leur héritage catholique. Visiblement, Yvan Bienvenue en a gros sur le cœur.

Trois performances se démarquent du lot. France Rolland montre juste ce qu’il faut de vulnérabilité et de pétillant dans l’œil pour livrer l’histoire troublante de Béatrice Machin et de la nuit qui lui causa son problème d’élocution. Émilie Gilbert endosse adroitement la parlure et l’esprit espiègle propres à l’histoire angoissante de Diane Chose qui ramène à la maison un étrange cocon de la rue. Plus caricatural, Joël Marin donne l’impression d’avoir abondamment assaisonné son conte campé dans HoMa – bien qu’on se demande encore ce que venait faire cette anecdote vicieuse (une autre!) du voisin libidineux.

Au final, on cherche en vain le fil conducteur, si ce n’est la présence appuyée de contenu sexuel et scatologique. Tous les protagonistes se retrouvent pourtant en fin de parcours, mais Bienvenue noie trop souvent ses héros dans l’anecdote, ce qui a pour effet de rendre la finale moins percutante. Jazzée, la musique ne colle pas à l’esprit des contes, malgré la vibe suave de Harry Standjofski en conclusion. Rien qui donne suffisamment de tonus et de profondeur au spectacle présenté à l’issue d’une année particulièrement mouvementée et affligeante.