Julien Desplantez / École de danse contemporaine : Voyage au bout du corps
Scène

Julien Desplantez / École de danse contemporaine : Voyage au bout du corps

Le chorégraphe français Julien Desplantez a créé pour les finissants de l’École de danse contemporaine de Montréal Il y avait ce fou…, une pièce brute ouverte sur l’inconnu.

De son parcours atypique de danseur formé sans école poursuivant parallèlement des études de droit, le Français Julien Desplantez a conservé une certaine structure intellectuelle qui l’accompagne dans son travail de chorégraphe. Invité à Montréal pour une résidence de quatre mois organisée dans le cadre des Pépinières européennes, en partenariat avec l’École de danse contemporaine de Montréal, le CALQ et le Consulat de France, il a offert aux étudiants de 3e année une œuvre pour les sortir de la démonstration technique, pour les sortir d’eux-mêmes. «En arrivant, j’avais une idée de l’énergie dans laquelle je voulais les emmener et du matériel que je voulais leur transmettre, mais comme je ne les connaissais pas, je ne savais pas ce que serait la pièce, explique le chorégraphe. Je voulais quelque chose de très brut, et pas forcément de joli à voir. Quelque chose d’organique, mais encadré d’une grande technique. J’ai essayé de leur faire passer un cap, de les faire passer de “on s’applique” à “comment on peut utiliser une technique sans la montrer”. Je leur dis: “Ne me montrez pas ce que vous savez faire, utilisez-le.”»

Les élèves, qu’il décrit comme très volontaires et demandeurs, ont été surpris de la masse d’information avec laquelle il est arrivé le premier jour. «Ça les a mis sur le qui-vive», explique celui qui leur a donné à lire des citations tirées de Cent ans de solitude, un dessin de Léonard de Vinci, des phrases de Patrice Chéreau. «Quand je fais des pièces, j’ai souvent besoin d’un support intellectuel qui me fasse réfléchir et réagir, et raisonner dans le corps: un livre, une peinture, un mot, une phrase. Je ne pars jamais de rien. Je leur ai donné ce matériel que j’ai utilisé en amont, et ça m’intéressait de voir comment eux le faisaient raisonner.»

Sans être narrative, la pièce créée pour les finissants, Il y avait ce fou…, reste une œuvre très construite, le fruit d’un travail structuré. «Je ne les ai jamais laissés faire des improvisations sans structure. J’avais envie de les encadrer. Construire à partir de contraintes est souvent plus facile que de construire dans du vide», argue-t-il. Peu versé dans le formalisme, Desplantez dit aimer le corps un peu sale, qui agit et raconte quelque chose plutôt qu’il ne «se regarde pour savoir si c’est joli». Il y avait ce fou… est le début d’une phrase de Chéreau qui se poursuit par: «qui est entré par ma fenêtre pour me visiter». «Je voulais qu’ils sortent de leur corps et qu’ils aillent vers ce qu’ils ne savent pas, pour trouver autre chose. C’est un univers posé qui évolue où les danseurs se croisent et se décroisent.»

En plus de cette pièce signée par le chorégraphe français invité, les finissants danseront sur un programme québécois préparé par Kathy Casey, directrice artistique de Montréal Danse, qui revisite Husk de George Stamos et Trois peaux de Jean-Sébastien Lourdais.