Marie-Ève Pelletier / Le Brassières Shop : Affinités vocales
Scène

Marie-Ève Pelletier / Le Brassières Shop : Affinités vocales

Comédiennes et chanteuses à leurs heures, Marie-Ève Pelletier, Dominique Pétain et Geneviève Bilodeau lâchent les masques et unissent leurs voix pour créer Le Brassières Shop, Voix de poitrine. Un tour de chant sexy sans paillettes.

Librement inspiré du barbershop, cette formation musicale a cappella née dans les salons de barbiers du sud des États-Unis, où les hommes s’improvisaient chanteurs, Le Brassières Shop a aussi atterri spontanément dans les loges d’un théâtre montréalais, où trois filles qui chantaient en solo ont eu le goût de le faire à trois. «C’est né d’une envie profonde de chanter, que ce soit léger et qu’on puisse distribuer l’énergie à trois», lance l’actrice Marie-Ève Pelletier. «On chante en harmonie, mais pas à la manière du barbershop, précise-t-elle. On voulait féminiser la chose sans aller dans le genre des Puppini Sisters. Il y a quelque chose de très féminin et sexy qu’on aime dans cette idée du Brassières Shop! On y va avec ce qu’on est, sans flafla et sans personnage, en toute impudeur.»

Le trio marie humour et sensualité, sans aller dans le glam du cabaret burlesque ni le classique chant a cappella des quatuors afro-américains. Sa signature se trouve plutôt du côté des textes de chansons, auxquels les comédiennes portent une attention particulière. «On ne peut pas se détacher totalement de nos origines, c’est un spectacle qui reste éminemment théâtral parce qu’on a choisi les chansons comme un texte de théâtre, pour se raconter, explique Pelletier. Il y a un fil dramaturgique à travers ça.»

Richard Desjardins, Ariane Moffatt, Damien Robitaille, Daniel Bélanger, Florent Vollant sont conviés au programme, mais aussi Donna Summer, Yves Montand, Michel Berger et la chanteuse amérindienne Buffy Sainte-Marie, dans un grand voyage à travers les genres et les époques. «On a trois ou quatre morceaux à la sauce Brassières Shop, qui est d’imbriquer des chansons qui se répondent. On part, par exemple, de Hot Stuff de Donna Summer, une soirée de party où la tête et le corps cherchent quelqu’un à tout prix, et on finit dans Les flèches rouges de Richard Desjardins a cappella. C’est tripant de partir de quelque chose de clinquant et de tomber dans le dépouillement total, la misère noire d’un bar de Rouyn.»

C’est après trois ans de recherches actives et d’une précieuse collaboration avec Jean-François Julien (arrangements), Karl Surprenant (direction musicale) et Marie-Josée Bastien (mise en scène) que les complices sont arrivées à ce répertoire de chansons qui communiquent une ouverture au monde, à l’autre, cette idée de communauté qui a nourri le projet. «La chimie est là, il y a quelque chose de sensuel et d’organique, même si on est très différentes. On devait avoir une intuition, parce que je suis mezzo, Dominique Pétain est soprano et Geneviève Bilodeau est basse.» Trois voix prédestinées à se rencontrer.

Habituée des planches, Marie-Ève Pelletier admet que d’y monter sans personnage ajoute au trac. «C’est un vertige de plus pour moi, parce que je n’ai jamais été moi sur une scène, sans faux-semblants. Il y a quelque chose d’aussi fébrile que dans des débuts amoureux!» Souhaitons que ce soit le début d’une longue histoire d’amour.