Philippe Soldevila / Les trois exils de Christian E. : Le fabuleux destin de Christian E.
Scène

Philippe Soldevila / Les trois exils de Christian E. : Le fabuleux destin de Christian E.

Philippe Soldevila, emballé par les histoires et le talent de conteur de Christian Essiambre, lui a proposé d’écrire une pièce sur sa vie. En Trois exils

L’auteur et metteur en scène Philippe Soldevila a collaboré pour la première fois avec le comédien d’origine acadienne Christian Essiambre dans Conte de la Lune, un bijou de pièce inspiré de la vie de ses ancêtres espagnols. «C’est comme si j’avais contracté une dette envers lui, dans le sens où il m’a aidé à raconter l’histoire de ma famille», observe-t-il. Avec Les trois exils de Christian E., il lui rend la pareille. «À force de travailler avec Christian, j’ai réalisé qu’il est un personnage absolument unique», poursuit-il. Si bien qu’il lui a suggéré d’écrire un spectacle sur son cheminement. À cette fin, il a passé des semaines à l’interviewer pour faire le tour de son univers familial, géographique, psychologique.

Ils ont ensuite ébauché un canevas, et se sont lancés dans l’écriture à proprement parler. «L’idée du projet était d’explorer l’oralité, parce que Christian est un conteur d’histoires fascinant et que ça fait partie de son héritage. Donc, Alexandre Fecteau [assistant à la création] était le maître de l’ordinateur, et nous, on écrivait debout», explique-t-il.

«Il ne faut pas s’attendre à une soirée de contes, mais à une pièce de théâtre, spécifie-t-il toutefois. On passe du rire aux larmes et ça va au-delà de l’anecdotique puisqu’on aborde des choses assez bouleversantes dans son parcours.» Le comédien a d’abord de la difficulté à percer dans la métropole. Puis, un événement l’amène à retourner au Nouveau-Brunswick, où il se remémore les raisons de son exil. La pièce est inspirée de l’histoire vécue d’Essiambre, mais certains détails ont été modifiés. «L’idée de la fiction a rendu la démarche possible pour lui. Sinon, ç’aurait été un cauchemar, car il touche des sujets sensibles, parfois dramatiques et douloureux.»

Aussi par respect pour les siens. «J’ai envie de garder la surprise, mais les liens familiaux sont vraiment particuliers et constituent l’enjeu de la pièce», laisse planer Soldevila. Les proches de Christian ont d’ailleurs été «bouleversés» par le spectacle lors de sa création à Moncton en décembre 2010, où le public lui a réservé un accueil chaleureux. «C’est très émouvant. Le petit gars de McKendrick qui a osé quitter le confort et la stabilité pour essayer d’évoluer dans la grande ville et qui, après être passé par un enfer, si on veut, revient et a grandi. Ce n’est plus Tom Pouce [un rôle qu’il a joué au Pays de la Sagouine pendant huit ans], c’est Christian Essiambre.»