Robert Marien / Les quatre filles du docteur March : Une pour toutes, toutes pour une
Co-metteur en scène pour Les quatre filles du docteur March, Robert Marien parle des efforts qu’il met pour faire vivre le genre au Québec, et de cette histoire qui porte sur la famille, la guerre, l’amour, l’émancipation des femmes et la création.
Depuis la Chine où il fait la tournée avec une production anglophone de Notre-Dame-de-Paris, Robert Marien assure à distance la co-mise en scène (avec Sergine Dumais) des Quatre filles du docteur March.
Référence en matière de comédies musicales, son statut le flatte autant qu’il l’ennuie. «Parrain, porte-étendard, j’avoue que ces titres me pèsent un peu, et j’ai l’impression que depuis une dizaine d’années, je ne fais que parler de l’état des lieux du genre, de ce qu’on pourrait faire pour le développer.»
Mais si on l’interpelle sur ces sujets, pourtant, la source s’avère presque intarissable.
«La question qui revient, c’est: on a du fer [des talents], mais a-t-on les outils et les ateliers pour le forger ou le transformer? Le ministère de l’Éducation est tiède, celui de la Culture n’a pas vraiment de programme pour nous… et les producteurs sont rares parce que ça coûte cher! Voilà pourquoi, un peu dans l’ombre, je continue de visiter des écoles et de donner des ateliers, des conseils (eh oui, du parrainage!)… Et, tant bien que mal, certaines écoles ont été mises sur pied afin de répondre à la spécificité du métier, afin d’en faire mieux comprendre le langage, et de donner les bons outils pour le pratiquer.»
Gravitant dans l’orbite de grandes productions, Marien poursuit sa mission, évangélisant par l’exemple en participant à la mise en scène de nouveaux projets, comme Les quatre filles du docteur March, auquel il se consacre à distance grâce à Skype, qui lui permet d’interagir en sons et en images. «Les producteurs connaissaient mes contraintes, et j’avais ce projet à cœur», dit-il de ce spectacle très classique dans le genre, très Broadway, et dont les moments forts sont incontestablement les chansons.
Cet amant du «musical» décline les qualités des Quatre filles du docteur March avec conviction et passion, décrivant le pouvoir d’évocation d’un décor unique, les arrangements plus subtils que l’original, puis la dimension familiale de la trame narrative de laquelle semble découler tout le reste: l’amour, la bonté, puis, avec le personnage de Jo March, l’émancipation des femmes et la création, puisque l’une des quatre filles devient auteure. «J’aime beaucoup le caractère impétueux de Jo, confie Marien. On est en face d’un personnage qui vit d’actions d’abord et de réflexions ensuite. La pièce est écrite comme un long retour en arrière, que nous avons accentué en gardant Jo présente dans certaines didascalies (qu’on a rajoutées), qui nous aident à nous situer dans le temps et certains lieux. Finalement, on assiste à différentes étapes de la rédaction de son roman Les quatre filles du docteur March.»
«Quand on a lu le roman, conclut-il, on remarque que la plupart des scènes sont le condensé de grands pans de celui-ci. Bien que le librettiste ait emprunté des raccourcis, il a pris pour la démonstration les étapes charnières ou moments marquants pour nous montrer l’évolution de Jo dans sa vie et son écriture. Chacun des personnages qui interviennent dans la vie de Jo nous mène d’équations en résolutions, comme de ratures en réécriture… jusqu’à son roman fini.»