Les Zapartistes : En attendant le grand wedgie
Scène

Les Zapartistes : En attendant le grand wedgie

Vous attendez les lendemains qui chantent? Les Zapartistes, eux, attendent le grand wedgie. Discussion avec leur doyen, Christian Vanasse, en marge de ZAP2012, incontournable revue de l’année.

Voir: Une question coriace pour débuter: à quoi ça sert une revue de l’année? On a parfois l’impression que ces spectacles en forme de regard dans le rétroviseur, qui pullulent désormais pendant les Fêtes, servent davantage à mettre sous le boisseau nos problèmes collectifs qu’à les regarder en pleine face.

Christian Vanasse, des Zapartistes (que complètent Vincent Bolduc, Jean-François Nadeau, François Patenaude et Brigitte Poupart): «Les humoristes ne peuvent bien sûr pas tout porter sur leurs épaules, mais sont quand même des acteurs de changement social. On croit beaucoup chez Les Zapartistes au pouvoir du rire, de la dérision, de la satire, qui permettent de redonner du courage aux militants. Nos revues de l’année sont des occasions de fêter ensemble. Lorsqu’on milite à gauche, le mieux qu’on peut espérer habituellement, c’est d’éviter le pire. Cette année, on a en masse de motifs de réjouissances, on va en profiter.

Le rire permet aussi, et surtout, de débarquer les idoles de leur piédestal, de révéler des messages cachés, d’affirmer des positions, de réfléchir sur des enjeux.»

Les dernières élections provinciales ont révélé dans la foulée du printemps érable un Québec plus divisé que jamais. Est-ce que cette situation vous inquiète?

«Même la Révolution tranquille n’a pas suscité l’adhésion du Québec au complet. Les changements sociaux ne se font pas avec la majorité. Il y a toujours un 30% qui tire le monde à gauche ou à droite, un autre 30% qui suit parce qu’il faut suivre et un autre 30% qui s’en câlisse, qui ne fera jamais rien.

Moi, je suis sur le terrain dans la mobilisation contre les gaz de schiste. Je vois des agriculteurs, des rentiers, plein de gens qui n’ont pas le profil militant, loin de là, qui n’ont jamais porté de drapeau de leur vie et qui, maintenant, s’organisent en comités. C’est remarquable.

Au tournant des années 2000, au moment où les Zapartistes commençaient, on était fous comme de la marde parce que le Sommet des Amériques à Québec avait réuni 75 000 manifestants, après des mois et des mois de mobilisation. Le 75 000, on l’a pété à plusieurs reprises pendant le printemps érable.»

À quoi vont ressembler les fruits de ce printemps?

«À un grand wedgie!»

Un grand wedgie? Définition, s’il vous plaît.

«Les dernières élections québécoises ont été, au moins, une demi-défaite pour la gauche, si on considère la cinquantaine de députés libéraux, la vingtaine de députés caquistes et un PQ qui ne fait maintenant que reculer. Ce qui est sûr, c’est que la droite va se péter les dents, parce qu’elle n’a aucune solution à offrir à nos problèmes environnementaux et sociaux, outre de la coupe et de la coupe. Aux prochaines élections, la gauche va donc arriver par en arrière et surprendre la droite en faisant élire 40 députés de Québec solidaire et 40 députés d’Option nationale. C’est ça, le grand wedgie. Ensuite, bam, on se sépare du Canada et on peut enfin passer aux choses importantes, comme [il surjoue un accent de demeuré] poser nos châssis doubles, aménager notre terrasse et inviter des chums à venir essayer notre spa.»

Comment négociez-vous la mort politique de plusieurs de vos personnages les plus truculents, dont Jean Charest?

«En tant que contribuables et citoyens, nous sommes contents que Charest et Gérald Tremblay soient partis. En tant qu’humoristes, c’est différent. Pour bien préparer une imitation, il faut quasiment entrer dans l’intimité de ces gens-là. On finit presque par [il prend un ton faussement ému] toucher à leur humanité. On a un deuil à traverser. Au moins, il y a des nouveaux venus pour nous consoler, comme le maire de Saguenay Jean “Là-Là” Tremblay et Denis Coderre.»

On te voit dans une bande-annonce en ligne interpréter l’ex-maire de Laval Gilles Vaillancourt. As-tu réussi à toucher à son humanité?

«C’est plus difficile. Ce gars-là pue à dix milles à la ronde. Tout ce que j’ai senti d’humain chez lui, c’est de la panique. On devine qu’il n’a pas eu le temps de tout faire ce qu’il avait envie de faire, de tout cacher ce qu’il devait cacher.»

Que souhaitent Les Zapartistes au Québec pour 2013?

«J’espère que les prochaines élections municipales vont être prises d’assaut par les jeunes, j’espère qu’ils vont rentrer comme des balles partout et faire des changements à la base.»

Les Zapartistes sont réputés pour leurs jouissives usurpations de chansons connues. À quoi ressemble la portion tour de chant de ZAP2012?

«On fait un clin d’œil à Gangnam Style avec une superbe chorégraphie. C’était un incontournable, mais inquiétez-vous pas, ça ne dure pas trop longtemps.»

Les 4 et 5 janvier à 20h

Au Capitole de Québec

Le 9 janvier à 20h

À la Maison de la culture de Gatineau

Le 10 janvier à 20h

Au Centre culturel de l’Université de Sherbrooke