Rentrée 2013 : Plaisirs chorégraphiques
Panorama de la riche saison hiver-printemps en passant d’un diffuseur à l’autre.
Commençons par la série Danse Danse qui occupe aussi bien les grands plateaux de la Place des Arts que sa plus intime Cinquième Salle. Le duo Myriam Allard et Heidi «El Moro» Graja poursuit l’aventure d’un flamenco renouvelé que vient également partager l’Espagnole Maria Pagés dans un autoportrait inspiré de grands peintres. La très sensible Margie Gillis nous revient en trio dans une scénographie évoquant le corps du danseur et Roger Sinha métisse danses indienne et contemporaine, technologies et musique ancienne dans une cocréation avec le compositeur Kiya Tabassian. Venue de Norvège avec 12 danseurs, la compagnie Carte blanche sera une découverte totale, comme la physique et théâtrale néerlandaise T.r.a.s.h., qui s’annonce décapante.
De leur côté, Les Grands Ballets Canadiens de Montréal reçoivent un classique du Ballet national de Chine et l’Alberta Ballet avec une œuvre sulfureuse de Jean Grand-Maître sur des chansons d’Elton John. Ils offrent aussi une soirée de reprises et une nouvelle création de l’Allemand Stephan Thoss.
À l’Agora, Andrew de Lotbinière Harwood ouvre le bal avec de l’improvisation danse et musique, suivi de Marie Béland qui peaufine sa griffe humoristique et use de la vidéo pour jouer sur nos perceptions. Karine Denault, qui nous a trop longtemps privés de ses talents, pousse la relation son et mouvement dans les voies du plaisir tandis qu’Isabelle Van Grimde l’exalte par le biais d’instruments de musique numériques qui épousent les corps et réagissent aux manipulations des interprètes. On retrouve José Navas pour deux soirs en solo, et la danse esthétique et virtuose du Vancouvérois Wen Wei Wang dans une œuvre sur le défi d’être soi en société. Une thématique qui fait un bel écho au travail d’Harold Rhéaume et de ses sept superbes danseurs.
En association avec Tangente, l’Agora présente la nouvelle création de Karine Ledoyen, autre artiste chérie de Québec, ainsi que la rencontre d’Emmanuel Jouthe et de l’Italienne Chiara Frigo. Toujours itinérant, le diffuseur de la relève nous invite au Monument-National pour sa cinquième édition de BIGICO, biennale de gigue contemporaine, et pour une œuvre où Frédéric Tavernini s’inspire du corps malade tout en combinant geste, son et lumière. En partenariat avec Danse-Cité, il livre un trio masculin de la très intense Aurélie Pedron au Théâtre La Chapelle dont la programmation danse se concentre sur trois reprises à ne pas manquer.
Belles reprises aussi à l’Usine C qui ouvre sa saison avec la puissante Belge Lisbeth Gruwez qui révèle le lien entre mouvement et langage en dansant sur les discours pacifiques ou belliqueux de grands politiciens et orateurs.
Au MAI, Zohar Melinek et Mary St-Amand Williamson s’intéressent à l’impact psychologique de la révolution arabe sur les populations, tandis que Sasha Kleinplatz puise dans la gestuelle des prières juives pour vulnérabiliser le corps masculin.
Quant au Studio 303, il consacre la 20e édition du festival Edgy Women au genre dans les sports et attise notre curiosité avec des propositions d’Aude Lachaise, Deborah Dunn et Elise Vanderborght, Valerie Dean et Don Rieder.
Viendra ensuite le joli mois de mai avec trois festivals et de nouveaux plaisirs chorégraphiques.