Louis-José Houde : Aime, c'est la seule vraie raison de vivre
Scène

Louis-José Houde : Aime, c’est la seule vraie raison de vivre

Louis-José Houde élève un monument à la joviale génération de ses parents, celle qui savait se tenir debout devant l’adversité, dans son troisième solo, Les heures verticales. Jasette avec un humoriste pour qui aimer semble être la seule vraie raison de vivre.

«Il ne faut pas se battre avec le matériel», lancera au milieu de l’entrevue Louis-José Houde. Le spectacle abordant «les épreuves de la vie» (dixit un communiqué émis il y a plus d’un an, au moment de la mise en vente des billets) que devait d’abord être Les heures verticales, dans le sillage des numéros plus sérieux du précédent Suivre la parade, aura peu à peu, au fil des représentations de rodage, gagné une vie propre pour ultimement revêtir une couleur moins sombre que prévu. «Le show était au départ beaucoup plus lourd que ce qu’il est devenu, se rappelle l’humoriste. C’est fou comment ce que tu écris peut prendre une autre forme sur scène. Le show a maintenant quelque chose de très positif. C’est que, souvent, je pars de prémisses assez difficiles, mais j’y injecte tellement de gags que ça n’a plus rien à voir à la fin.»

Exit, donc, la baboune qu’esquissait un Louis-José Houde enfant, jeune hockeyeur arborant un chandail des Flyers de Philadelphie, sur le truculent poster employé pour la promotion des premières représentations; c’est un trentenaire heureux qui ratissera les planches, avec l’énergie marsupilamienne qui est la sienne, afin, entre autres, d’élever un monument à la joviale et inébranlable génération de ses parents. «Les baby-boomers sont toujours de bonne humeur, observe-t-il. Quand tu rencontres les parents de tes amis, ils sont toujours tellement sociables, ils prennent des nouvelles de tout le monde que vous connaissez en commun. Ils sont plus patients et ils ont l’air en général plus heureux. Mes oncles et mes tantes parlent sur un ton qui me rend toujours heureux, qui m’émeut. Je voulais leur rendre hommage.»

Quant à cet énigmatique titre, Les heures verticales, pioché dans le Voyage au bout de la nuit du plus guilleret des écrivains français, Louis-Ferdinand Céline: «Il renvoie aux moments dans la vie où il faut se tenir droit, se tenir debout, où il faut être solide. Je parle du vieillissement de ma grand-mère, de comment mon père a pris soin d’elle, comment il était solide dans l’épreuve.»

LJ le lover

Même s’il avait brièvement évoqué son rapport à l’autre sexe dans Suivre la parade en marchant sur le fil de fer d’un court numéro relatant l’avortement d’une ancienne amoureuse, numéro livré avec une pudeur et une justesse qui distinguent les grands artistes des humoristes seulement divertissants, Louis-José Houde s’était toujours bien gardé de prendre à bras-le-corps le sujet chouchou de plusieurs de ses collègues, les relations hommes-femmes. Un défi auquel il s’attelle avec une palpable fébrilité dans ce troisième solo. «Je trouvais qu’avant, je n’avais pas assez de vécu, je n’avais rien à dire qui n’avait pas été dit par d’autres. Maintenant que j’ai traversé toutes sortes d’histoires, je me sens plus à l’aise de parler de l’importance du couple. C’est un numéro très positif, ben cute, dans lequel j’énumère les signes que tu es toujours en amour. Il y a beaucoup de couples dans la vingtaine et la trentaine qui assistent à mes spectacles, et j’aime beaucoup les observer se rapprocher pendant ce moment-là.»

Persillé d’observations typiquement houdesques sur le quotidien ainsi que d’évocations doucement nostalgiques d’un passé pas si lointain où l’accès à Internet nécessitait un tonitruant modem et où on écoutait de la musique à l’aide d’un baladeur cassette (on reconnaîtra ici l’obsession de la pop culture de l’animateur de l’émission-culte Dollaraclip), Les heures verticales s’articule autour d’un message simple, conclut Louis-José en abandonnant son habituel ton badin: «Appelle ta mère plus souvent et occupe-toi bien de ta blonde.» Ce sont les seules vraies raisons de vivre, a-t-on le goût d’ajouter.