Harold Rhéaume / Fluide : Le rêve du fils d’Adrien
Consécration pour Harold Rhéaume. Après le Grand Théâtre de Québec, le chorégraphe présente Fluide à l’Agora de la danse.
Coproduit par La Rotonde, le Grand Théâtre de Québec, l’Agora de la danse et le Festival Danse Canada, Fluide est le résultat de planètes qui s’alignent. Une collaboration sans précédent qui donne un élan nouveau et inespéré à Harold Rhéaume, figure déjà marquante de la danse au Québec. L’enfant prodige, pour reprendre le surnom affectueux que la presse lui a donné. «J’en ai rêvé toute ma vie, et là j’y suis. Quand je suis revenu à Québec en 2000, j’ai vu que les spectacles présentés au Grand Théâtre étaient ceux de grands plateaux, les productions internationales. Je n’y pensais même plus. Pour moi, j’allais être à la salle Multi toute ma vie.»
Diplômé de L’École de danse de Québec en 1989, Rhéaume commence sa carrière comme apprenti à Danse Partout, défunte compagnie de Québec qui, curieusement, a été la toute dernière à présenter une pièce au Grand Théâtre, en 1994. L’artiste déménagera ensuite à Montréal et montera les marches une à une vers la notoriété publique et la reconnaissance des pairs, à grands coups d’interprétations renversantes, de chorégraphies porteuses de sens. En 1999, il fonde sa compagnie Le Fils d’Adrien danse et, un an plus tard, il retourne vivre chez lui, à Québec. Un choix qu’il ne regrettera pas. Sensible jusqu’au bout des ongles, Rhéaume est de ces rares chorégraphes qui savent mettre en mouvements la douceur et l’espoir. «La violence, je n’ai rien à dire avec ça. La danse, c’est mon moyen d’expression et je ne dépeins pas une réalité trash ou la déshumanisation.» Et c’est précisément ce qu’il fait avec Fluide. «Les danseurs bougent dans un chaos organisé. Il y a des tiraillements, oui, mais ils sont toujours en harmonie. Ça demande une écoute de tous les instants parce que chacun dépend de l’autre pour créer un mouvement constant, une fluidité.» Un défi de taille pour les danseurs, aidés du directeur des répétitions Jean-François Légaré, qui a joué un rôle-clé dans la symbiose entre les sept interprètes. «Cette gang-là s’est donnée à fond. Tous ont contribué à leur façon à la création de Fluide.»
Danseurs qui (pour plusieurs) ont déjà revêtu les costumes signés Philippe Dubuc spécialement dessinés pour Je me souviens, grand spectacle déambulatoire présenté au cours des deux derniers étés à Québec. «Quand j’ai proposé à Philippe de retravailler avec nous, il a dit oui tout de suite, et cette fois, tous les interprètes auront leurs propres costumes», explique Harold Rhéaume. «L’esthétique de Philippe me ressemble beaucoup.» Une autre preuve que le chorégraphe sait s’entourer de créateurs qui vont dans la même direction que lui? C’est Bernard White qui signe décors et éclairages pour Fluide. «Le décor aura un côté très architectural, très design. Ça représente une autre facette de mes intérêts. Pour les éclairages, j’ai demandé à Bernard de s’inspirer du peintre Rothko.» Entouré d’artistes de talent, de sa dream team pour reprendre ses mots, Harold Rhéaume arrive avec un projet à l’ampleur et au panache qu’il faut pour marquer l’histoire de la danse au Québec.