Christian Bégin / Après moi : La nuit porte conseil
Dans Après moi, Christian Bégin entraîne ses camarades des Éternels Pigistes dans une réflexion nocturne sur l’empathie et l’altruisme.
Après Circus minimus (2004) et Pi…?! (2008), Les Éternels Pigistes poursuivaient en 2012 la tradition d’une création aux quatre ans avec la comédie noire Après moi. Cette dernière d’un triptyque du comédien et auteur Christian Bégin reprend la route pour une série de représentations. «Les trois pièces s’inscrivent dans une continuité, une filiation thématique: la quête de sens, le grand besoin que nous avons les uns des autres, la façon dont on devient perméable à l’autre sans dévier de notre trajectoire personnelle…», explique le membre du collectif complété par les comédiens Marie Charlebois (aussi à la mise en scène), Patrice Coquereau, Isabelle Vincent et Pier Paquette.
Avant même que ne se dressent les personnages d’Après moi, il y avait un lieu. Trois chambres de motel sur le bord de la 117, près de Val-d’Or. Les grands espaces. L’isolement aussi. «Je me rends compte que j’écris toujours des huis clos. J’enferme des personnages dans un lieu et je les fais se rencontrer. Après le loft urbain de Pi…?!, je me suis transporté dans un autre contexte avec des personnages issus d’un autre milieu social et économique.»
Dans une chambre, Simon et Stéphanie se rencontrent fortuitement et vivent une aventure d’un soir. Dans une autre, Simone et Stéphane, brisés par «un drame épouvantable», se retrouvent à l’endroit où ils ont fait l’amour pour la première fois. Dans la troisième chambre, Mathieu veut mourir.
À l’intérieur d’une même nuit qui se répétera plusieurs fois, ils entreront en collision en choisissant de se laisser bouleverser, ou pas. «Combien de fois ça prend avant qu’on accepte de laisser l’autre pénétrer dans notre vie jusqu’à modifier le cours de notre existence? s’interroge Bégin. Quand est-ce que l’autre devient aussi sinon plus important que nous? Aujourd’hui, on peut facilement cliquer notre solidarité pour 5000 hosties de pétitions ou causes sur Facebook, mais se laisse-t-on vraiment émouvoir par la réalité de l’autre? Je trouve qu’on est en manque d’abnégation réelle et je m’inclus totalement là-dedans!»
Au-delà de ses questionnements, Christian Bégin avoue écrire sous influence: celle de ses camarades des Éternels Pigistes. «Ça facilite le processus de m’imaginer qui jouera chaque personnage, un peu comme un compositeur crée pour les cuivres en sachant comment ça sonnera.« Le comédien se détache de "sa musique" une fois en salle de répétition pour laisser la place à Marie Charlebois qui entend habituellement une autre mélodie.