Trainspotting : Point de repère
Spun, Sickboy, Begbie… Les lurons de Trainspotting s’amènent à Premier Acte, dans une mise en scène de Marie-Hélène Gendreau. Et ils n’ont toujours pas choisi la vie.
Choisir la vie, choisir un boulot et une famille, choisir une putain de télé à la con… Et devant pareil mur, anesthésier sa vie pour la rendre plus confortable. C’est le leitmotiv bien connu de Trainspotting, de l’Écossais Irvine Welsh, que l’adaptation par Danny Boyle au grand écran a catapulté en première classe dans la culture populaire. C’était en 1996.
Près de 20 ans plus tard, alors qu’une suite au film-culte est en chantier, on nous propose ici de revenir au roman par un autre canal que le cinéma. «Je suis partie de l’objet théâtral, ce qui fait que c’est beaucoup plus cru, précise Marie-Hélène Gendreau, qui assurera la mise en scène. C’est davantage dépeint dans un côté très brut et rough de la chose.»
Cette adaptation, c’est celle de Wajdi Mouawad et Martin Bowman. Avec leur bénédiction, Marie-Hélène Gendreau, à la barre la saison dernière de Tom à la ferme, a pu se permettre ici suffisamment de liberté pour s’approprier le texte, dont certains éléments demeurent néanmoins incontournables. «Je me suis permis la folie… Mais j’ai conservé ce qui dans le film faisait qu’il y avait un côté glauque, dissonant, car c’est au cœur de l’écriture.»
En fait de jeu, celle qui se présente comme une «téteuse de justesse» dirigera, entre autres, les comédiens Charles-Étienne Beaulne, Claude Breton-Potvin et Jean-Pierre Cloutier, instigateurs du projet. Question de puiser à la source, elle s’est rendue dans le quartier de Leith, à Édimbourg: «J’ai eu la chance de me faire parler de leur situation politique, du référendum qui s’en vient; ça va passer, c’est à peu près certain, car l’Angleterre a le goût qu’ils deviennent indépendants: c’est un boulet qu’ils traînent.»
Libre à chacun de faire des liens avec la situation qui est la nôtre. Indépendamment de toute politique, ces éléments tracent cependant le portrait d’une génération en manque de repères devant un monde qui lui dit de se caser, mais qui ne lui donne pour cela aucune raison.
On pourra prendre le récit avec distance, bien sûr; mais dans une ville où le concept de piquerie supervisée divise les opinions, comme le rappelle Marie-Hélène Gendreau, on n’aura pas besoin de chercher très loin le poids de la réalité.