Alexandre Goyette / King Dave : La spirale de la violence
Scène

Alexandre Goyette / King Dave : La spirale de la violence

Voici le retour de l’enfant prodige. Alexandre Goyette a soufflé tout le monde en 2005 avec King Dave, solo percutant sur un ado compulsif propulsé dans l’engrenage de la violence. Applaudi pendant cinq ans partout au Québec, il revient inopinément sur la petite scène du Prospero.

Alexandre Goyette avait 25 ans lorsqu’il a écrit King Dave, un texte créé d’une seule coulée, sans trop réfléchir. «Je puisais directement en moi, dit-il. Ce texte-là est né d’une impulsion, d’un désir très fort de raconter la violence urbaine et de donner une théâtralité à la langue adolescente de Dave.» Maintenant trentenaire, et «bien plus calme», il n’a pourtant pas perdu sa spontanéité: il a pris la décision de faire renaître King Dave en quelques minutes lorsqu’il a appris l’annulation des représentations de Pig, de Simon Boulerice, sans trop penser à «l’intelligence et à la faisabilité de la chose».

Ses réflexes devraient lui revenir vite: il a incarné Dave des centaines de fois après avoir remporté les Masques de l’interprétation masculine et du meilleur texte original en 2005, tout en continuant de travailler le rôle pour l’adaptation cinématographique que devrait bientôt réaliser Podz.

N’empêche, les années passent et le regard qu’il porte sur son texte est en train de changer. «Je suis davantage frappé par la violence de mon texte et j’ai hâte de reprendre les répétitions avec le metteur en scène Christian Fortin pour qu’il m’aide à y voir clair.»

King Dave a été un puissant détonateur pour bien des spectateurs à cause de la vraisemblance de son intrigue. De petits délits en crimes graves, Dave dérape et se laisse entraîner dans une spirale de violence, se créant un personnage de délinquant sur lequel il n’a plus prise. «Il suffit de peu pour déraper, explique Goyette. Dave est un bon gars qui se retrouve pris dans une criminalité qui le dépasse. Ça aurait pu m’arriver pendant mon adolescence, même si ce n’est pas une autofiction.»

La pièce se termine, comme il se doit, par une descente aux enfers, mais le comédien a toujours voulu que subsiste une note d’espoir. «Dave croit qu’un jour il va pouvoir remettre le compteur à zéro. Mais le peut-il vraiment? C’est la grande question. J’ose croire que oui, mais je ne sais pas si notre société permet vraiment à ceux qui sortent de prison de se refaire à neuf.»