Oh que oui: le Hamlet de la Bordée est une pièce exceptionnelle, plus grande que nature. Ou, à vrai dire, elle en reste plutôt à une hauteur résolument humaine; oui, voilà: sans grandiloquence pour magnifier l’extrême force du texte, sans effets de style pour en souligner la complexité. C’est dense, mais jamais complaisant, et on ne peut qu’adhérer à la proposition de Marie-Josée Bastien. La scéno – magnifiques costumes – est organique, ligneuse et froide, la mort y rôde comme en sursis. On relèvera, finalement, l’interprétation explosive de Jean-Michel Déry: visage plastique et corps nerveux, il entortille mille nuances de doute et de violence, de confusion et de folie. Imprévisible, toujours à un pas du point d’équilibre, il livre ici un Hamlet sensible et mémorable. Jusqu’au 11 mai.